De la porte du garage à la porte du garage avec vélo , tente et réchaud. Pour ce premier long raid sur un vélo tout neuf, les cartes sont un luxe inutile. Mers et langues suffiront à me conduire. Une fête mémorable pour le départ, la pluie s'y invite. A la frontière Suisse, les hallebardes m'imposent de tourner dans le sens contraire aux aiguilles de la montre, par ce temps les Alpes n'étant pas accessibles. Tantôt en France, tantôt dans les pays limitrophes, l'équilibre sur la frontière est instable. Après la Suisse, l'Allemagne en particulier Sarreburg, puis Luxembourg, la Belgique. La Mer du Nord, la Manche puis l'Atlantique, je suis sagement le rivage. Voici l'Espagne qui me jette sur les pentes terribles des Pyrénées. Je replonge sur l'Espagne pour butter sur la Méditérannée que je longe avec précation jusqu'en Italie et remonter par les grands cols alpins jusqu'à la Forclaz et la Suisse. Le lac Léman me prête sa côte jusqu'au Jura. J'accepte. Genève m'arrête, un dernier effort par le col de la Faucille. Je rentre alors comme j'étais parti ... sous des trombes d'eau.
Un périple de 8330km en 98 jours, une aventure dominée par le physique, un camping sauvage souvent pénible sur des territoires très courtisés en été, un tableau impressionnant de cols franchis sans jamais avoir posé un pied au sol, une connaissance approfondie de mon pays, de très belles images, la découverte des cybercafés et l'apprentissage du raid. Je suis conquis par l'espace et la liberté !
Après 14 semaines à tourner à l'inverse des aiguilles de ma montre, le mot "VIVRE" a lui aussi changé de sens.
Les 20 premiers jours n'ont pas fait l'objet d'une couverture Web et ne sont donc pas sur le blog du voyage. Ils ont cependant été consignés sur un cahier d'écolier. Ainsi, si ce récit est incomplet, album et diaporama ne le sont pas.
Pour me faire pardonner, quelques photos relatent ces trois semaines.
J'aborde le Touquet Paris Plage. Il y a même un rayon de soleil c'est merveilleux car depuis plusieurs jours froid et vent ont entravé ma course, je ne parle pas de cette nuit, des trombes d'eau ont copieusement arrosé mon château qui a résisté vaillamment. Ayant par contre oublié short et maillot à l'extérieur, ils ont été lavés. Bien ennuyé, la chance m'a souri, un brave homme m'a proposé d'utiliser son sèche linge. J'ai accepté. Générosité proverbiale des gens du Nord. Le reste de la journée n'est que bonheur. Le paysage évolue au gré de mon pédalage, je ne me lasse pas d'une nouveauté toujours renouvelée. Je traite la logistique dans l'instant en veillant à ne pas me laisser dominer. Je ne connais pas le lieu qui m'accueillera ce soir, quel qu'il soit il sera mon privilège dans son unicité.
Quoi de neuf depuis St Brieuc dont les souvenirs risquent de ne pas être infinis à l'instar de la prairie où j'ai dormi le soir même vers St Quay Portrieux. (Bon pour la géographie). Au matin j'ai aperçu Bréhat objet d'un coup de coeur. Belles ballades entre les embouchures du Trieux et du Jaudy. Excellente nuit vers Tréguier, à Trédarzec exactement. Routes dépourvues de toute indication, les 1/2 tours sont fréquents. Bien que côtière le bitume est athlétique, les côtes rebelles mais bonheur entier. "Au gouffre", je tombe en arrêt devant le spectacle. Incontournable. Du coup Perros Guirrec me semble un peu fade. Je clos avec l'attachante ville de Lannion et pour parfaire la carte postale, je dors avec les gens du voyage dont l'accueil chaleureux me ravit (après le test de l'adoption). Le Finistère m'accueille. Côtes inchangées, chaleur lourde et orageuse. J'ai aimé Morlaix et dormi dans un coin de paradis à l'entrée de St Pol-de-Leon. Les coups de coeur se succèdent, vendredi Roskoff et son île de Batz, à ne pas manquer, puis le sortilège Meneham, ancien village de pêcheurs en bord de mer. Lieu extraordinaire même si la reconstruction du village me convient à demi. Je reste ici pour la nuit, bercé par le bruit des vagues et du rêve. Avec le beau temps tout est facile. La joie est simple dans cet Ouest extrême. 20h30, orage dont la violence n'a d'égal que la soudaineté. Des paquets d'eau, la mer à 200 m est invisible. La tente résiste. J'évite de peu la mise à feu de mon antre en préparant mon riz. Même sommaire et fragile mon abri me donne sérénité et paix. A l'aube, splendide bord de mer, Brest, un lavement inutile. Les dénivelés s'additionnent. Epuisé. Je dors dans une pâture à Daoulas quelqyes km après Brest. Hier la presqu’île Nord de Crozon avec Faon, Camaret et la pointe de Pen Hir m'a accueilli dignement. J'ai dormi dans les alignements de menhirs avec les esprits du passé, présents.
Itinéraire: Je vous avais laissé à Camaret.
1. Kerlaz "Douarnenez" (via Cap de la chèvre, Crozon)
2. Plouhinec "Baie d'Audierne" (via Cap Van et Pointe du Raz)
3. Pont L'Abbe "Loctudy" (via Guilvinec)
4. Nevez (Via Bénodet, Concarneau)
5. Port Louis (Via Fort Bloqué, Lorient)
6. Locmariaquer (Via Erdeven, Quiberon, Carnac)
7. Vannes (Via Locmariaquer)
1.J'ai passé le cap des 4000 km hier à Carnac. Mardi, côtes fortes et très fortes. La présence de l'armée et de ses bâtiments donne un air austère à la ballade. Au Cap de la Chèvre plongé dans la brume et
les nuages, sort de je ne sais où, une emballante Bâloise qui partage 1h de mon aventure, un luxe inopiné mais bien agréable.
2. Mercredi, vent de face et beau parcours. La pluie en soirée ne gâchera pas mon sublime campement.
3. Jeudi Sale temps. Vent énorme. Je m'accorde bien avec cette côte. Les vagues sont hautes, porteuses pour les surfeurs, le vent est énorme,
freineur pour le rouleur.
4. Vendredi Pluie toute la journée. L'intérêt a fui le paysage, la lutte contre la pluie et le vent à concentrer mon énergie. Difficile de tout
faire.
5. Samedi Le plaisir est de retour. Côte balnéaire, la Bretagne se transforme. A Lorient le bateau "Orange" de B Perron (Je ne connais pas
l'orthographe) m'impressionne et éclipse tout le reste.
6. Dimanche. Overdose de mégalithes, tumulus ... Bonne promenade sur la partie sauvage
de l'île de Quiberon. Etonnant décalage entre l'île et sa ville, le tour et les détours ne sont pas à regretter. La Bretagne est à présent très plage.
7. Lundi. Une petite pincée de mégalithes à Locmariaquer et hop je retrouve les cités contemporaines et souvent sympathiques comme Vannes.
Que d'accueils chaleureux, d'encouragements nombreux, où est ce monde de brutes dont on parle ? Il arrive en effet qu'un automobiliste passe un peu trop près mais ce ne serait pas aussi un encouragement ?
J'ai dormi dans un camping hier soir, cela faisait si longtemps ... que je ne m'étais pas privé de liberté, mais il me fallait
recharger les accus ... de l'appareil photo.
J'arrive à Luchon et je trouve ce point d'accueil Internet ... merveilleux non ?
J'ai parcouru 5900 km.
- Depuis Mimizan, ville mimi-nuscule, j'ai coulé de douces heures le long des dunes qui bordent les plages : Coutis, Hony, Saint Girons. Les idées me manquent, pas le pétrole. J'ai découvert ses
puits à Gates ... Si si !
- Nuit cauchemardesque dans les dunes à 60 km au nord de Biarritz. Hélico et troupe au sol à cause de jeunes installés dans un
blockhaus. Spectacle entre 11h et 4h du matin. Réveil difficile après cette nuit de fête. En fin de journée je découvre Biarritz et je reste sans mot. Ville pleine de charme, de touristes, de
bâtiments typiques ... Il y a trop à dire. Je dors à Guéthary en pays basque. Les Pyrénées sont bien là, impressionnantes et toutes proches.
- St Jean de Luz au matin. 100% basque, vivante, agréable et jolie. Je flâne là encore un long moment dans une ville encore pleine de fraîcheur. Je repars sur mon compagnon jusqu'à Hendaye qui
clôt mon périple océanique. Je passe la frontière espagnole. Français ou espagnols, les petits bourgs sont avant tout basques. Je choisis Espelette pour la nuit.
-Que de bosses pour atteindre St Jean Pied de Port, point de rencontre avec mon voyage 2004 à Santiago. Changement de mes
patins de freins. Ambitieux, je choisis de franchir le col de Burdin Olatze. Catastrophe, les pentes sont à 15% et +. En limite de mes capacités, j'atteins le sommet dans la douleur. Des pentes
infernales sur une route soudée à la roue. Dure journée dont le calvaire n'était qu'à 822m.
- Aujourd'hui pour me remettre de mes doutes, journée de transition. Je me positionne à 7km du pied de l'Aubisque (~1700) au bord de l'Arriu Mage. Avec 20kg de moins, les ascensions seraient un
plaisir !
- Journée de bonheur : j'ai franchi l'Aubisque puis le Soulor avec les difficultés prévues. Être toujours doublé n'est pas bon pour le moral mais je m'habitue. Compensation : je suis très
encouragé. Extra. Au sommet rencontre avec 2 oursonnes de Toulouse. J'ai clos cette journée avec Lourdes incontournable et magnifique. J'ai aimé son ambiance colorée, ses boutiques et ses
chalands. Epuisé, je dors sur une aire de repos.
- Soleil et chaleur. Gavarnie ou Tourmalet. Je choisis le col. Montée + dure que celle d'hier particulièrement le dernier km. Bcp de 22x32. Que c'est beau les Pyrénées. 18 km de labeur pour
atteindre + de 2100m. J'ai préféré le sommet de l'Aubisque moins sinistre peut-être. Descente à Ste Marie de Campan, petit coin de paradis dans un océan de bonheur.
- Après avoir croisé mes 2 oursonnes (les Pyrénées sont petites) et gravi l'Aspin dans une chaleur moite, ma roue arrière explose dès le début de la descente. Je rejoins
péniblement St Lary, au mieux. Vélo chez le dépanneur, à 19h je rejoins le camping sans les arceaux de tente oubliés sur le vélo. Bravo. Merci aux responsables du camping qui m'hébergent dans une
caravane.
- Le spécialiste répare change ma roue ... enfin ! Je m'enfuis à 13h. Col de Peyresourde sous la chaleur. Certainement le plus beau sommet esthétiquement, très dur également. A 1600m, heureux je
contemple l'exercice. 6km à 8% pas facile. Descente pentue pour entrer dans Luchon. La roue a tenu...
C'est de Narbonne que j'écris. C'est ici que j'ai franchi le cap des 6500 km. J'ai qq soucis avec ma roue arrière. A voir impérativement. Mais reprenons :
* Depuis mon séjour à Luchon, ville d'eau et de montagne de 3000 âmes, j'ai galopé au mieux à travers les Pyrénées.
Celle-ci fût sans fin. Il est tard, il fait nuit. Bivouac dans le stade.
* J'abandonne la confortable Luchon pour descendre au fond de la vallée (St
Béat) puis gravir le col de Menté ( + de 1200 et 15 km). Très dur dans la chaleur. Au sommet ½ victoire car si je veux manger il me faut redescendre et franchir le Portet d'Aspect (5km et 500m )
avec ses pentes à 15% et plus. Ventre vide dur dur, j'essuie une terrible défaillance en fin de journée. Je dors à St Girons avec les forains qui m'accueillent chaleureusement. Bonne soirée.
Gnole ?
* Longue montée mais facile sur le col de Port 1250m. L'Ariège n'est pas riche par rapport à la Hte Garonne ou alors elle le cache bien. Tarascon/Ariège nous accueille mon compagnon et moi pour
la nuit ... ordinaire. Cité pas florissante, la chaleur est éprouvante, les orages inquiétants.
* Nuit bruyante et pluvieuse. Mauvaise pioche, les pelouses du collège. Longue montée sur le col de Puymorens (1920m)
facile en pente mais pénible à cause de la circulation. J'évite Andorre sur le conseil d'autres cyclistes. La face orientale du col très différente de l'Atlantique. Celle-ci sent déjà la
Provence. Rochers de toute beauté. Pas de photo car je dois être à Bourg-Madame avant la fermeture de l'alimentation. (J'ai choisi l'option de monter les cols sans provision pour soulager le
pilote). De belles images encadrées par une journée très éprouvante.
* Fraîcheur si ce n'est + pour le passage du col de la Perche 1580m. Descente sans
fin sur Prades et son massif du Canigou. Pas le temps pour les photos, trop de nuages, pas de soleil, ciel bas ... La totale. Arrêt dans la ville touristique de Villefranche de Conflent. Dormi au
plan d'eau des Escournes au pied des montagnes. Magnifique. Je sens les Pyrénées agonisantes.
* Dimanche 31 . Je clos ma 11° semaine sur le circuit. Les petits soucis se succèdent et raccourcissent les journées. Je décide de franchir le Perthus (~300m) pour rejoindre Cerbère par
l'Espagne. Je ne comprends rien à l'engouement pour les camelots du col mais visiblement les acheteurs sont heureux. Je dors à Guarrigella ;
* Lundi 01. Bonjour la mer Méditerranée à Llanca. Les Pyrénées font de la résistance. Itinéraire très fatiguant avec chaleur lourde et pesante. Je dis adieu à l'Espagne à Port Bou, puis aux
Pyrénées à Collioure ; Devant moi La plaine ... comme un manque qui s'installe. Au bord de la mer que de villes sans passé donc sans vie. Nuit au Canet ou je crains pour ma roue arrière.
* Super dodo. La journée qui m'emmène à Narbonne n'est pas de tout repos avec le vent terrible et contraire. Ma vitesse n'excède jamais 12 km/h. Pas formidable. La circulation est infernale, le
délestage impossible, le cycliste malheureux. Merci à ceux qui ne pensent pas à nous. Il est vrai que j'aurais pu prendre le train ... Il fait beau, la vie reste belle.
7700 km au compteur.
Je pense que la boucle prendra fin dimanche ou lundi...
Lundi : dernières infos de la Londe. La piste cyclable très agréable emprunte l'ancienne voie ferrée, ce qui atténue mon plaisir. J'essaie
d'imaginer ces lieux avant l'auto, ce devait être paradisiaque. De + en + de villes, de monde, de béton et des noms qui font rêver : Bormes-les-Mimosas, Le Lavandou, Cavalière, Cavalaire-sur-Mer
et enfin La Croix-Valmer que je croyais parisienne.
Mardi : au petit dej, St Tropez. Vitrine du luxe, de l'argent. Beau village écrasé par sa notoriété. Il est tôt mais déjà une foule énorme se presse pour reconnaître ses idoles, contempler les yachts somptueux, baver devant ceux qui s'exposent. Je quitte à regret tout ces candides qui m'amusent tant pourun grand bol de côte. Cités lacustres Cogolin et Grimaud. Mention à l'architecture de cette dernière qui offre de belles perspectives. voici Ste Maxime, les Issambres, St Aygulf l'annexe belfortaine, Fréjus, St Raphael, l'extraordinaire massif de l'Esterel aux roches rouges et scultées, Théoule, La Napoule et enfin Cannes que j'effleure tardivement. Arrêt au palais du festival puis à l'entrée de Golfe Juan pour dormir entre 3 axes routiers.
Mercredi : Golfe Juan, Juan les Pins, Antibes, Cagnes, St laurent-du-Var, Villefranche-sur-Mer, Eze, Cap d'Ail, Menton... Ce défilé anéantit la curiosité. Seule l'architecture de Villeneuve-Loubet accroche le paysage sans pour cela me laisser un bon souvenir. Nice pour sa promenade et Monaco pour son histoire sortent de l'anonymat. Passage en Italie avec ses couleurs et ses déchets. Dodo à Giauma. L'orage éclate.
Jeudi : Courte mais agréable ballade dans l'Italie et les Alpes de Haute Provence. 2 cols au programme Vescavo (477m) et Turini (1607m). 3 villages typiques Olivetta en Italie et Sospel et la Bollène-Vésubie en France. Différence énorme par rapport à la Côte. Je dors à la Bollène dans un paysage grandiose.
Vendredi : Chaud après le col de
St Martin 1500m, je dors au camping d'Isola pour faire plaisir aux piles. De la vallée dela Vésubie, je suis passé dans celle de la Tinée. Les villages ont du corps. Je me plais ici, la montagne
reste mon élément.
Samedi : La route la + haute
d'Europe me fait face. Passage à St Etienne-de-Tinée pour le carburant puis longue et belle montée sur le col de Bonnette (2802m). Très difficile surtout dans sa partie sommitale. Très courtisé
au sommet alors que je revêts ma tenue de cosmonaute pour la descente. Glacé. Détours par Barcelonnette pour les freins. La ville déborde de monde. Je retrouve Jausiers pour dormir dans un cadre
à ma convenance : rivière et montagnes.
Dimanche : longue et difficile journée avec ascension des cols de Vars (2109m) et d'Izoard (2360m). Magnifiques paysages dans le Queyras. Visite de Guillestre puis Briançon en fin de journée où je plante la tente 5 km après la sortie. Je ne me souvenais pas que le col d'Izoard fût si beau, particulièrement le tronçon Casse Déserte et le sommet. L'effort consenti a été récompensé.
Lundi 15 août : Journée contrastée avec la beauté des Cols du Lautaret (2050m), du Galibier (2650m) (dur et dangereux par la violence du vent), du Télégraphe (1566m), la chaleur de Valloire et la tristesse, désolation de St Michel et Modane et surtout de la vallée de la Maurienne défigurée par l'autoroute qui mène au Fréjus. Déviation inopportune qui me fait dormir à Modane. Somptueuse journée si j'oublie le final.
Mardi : La vallée a repris ses couleurs dès le tunnel du Fréjus dépassé. Magnifique bourg de Bonneval au fond de sa vallée sublime. A voir. Rude bataille dans le Col de l'Iseran (2770m) pour ne pas poser le pied à terre. Après 60 km de montée, le sommet me récompense. Superbe mais laminé. Je dégringole sur Val d'Isère.
Ce mail est le dernier du périple car je suis arrivé Dimanche soir à la maison où un petit comité d'accueil m'attendait. J'apprécie toute cette communauté qui m'entoure car tous ont du cœur et c'est bien le plus important.
Mardi 16 : sous un ciel sans nuage, 60 km de montée pour atteindre l'Iseran (2770m). Le plus dur à avaler. La beauté du col est proportionnelle à sa difficulté. Durant cette longue ascension, Lanslebourg est sans grand intérêt, Lanslevillard mieux déjà et Bonneval sur Arc à visiter. La vallée a repris ses droits après le tunnel du Fréjus. Entrée dans la vallée de la Tarentaise et à Val d'Isère véritable usine à ski.
Mercredi 17 : Visite de Val d'Isère, un ancien ne s'y reconnaîtrait plus. Beaucoup d'argent investi pour un patrimoine recréé. La petite station Savoyarde est devenue une usine montagnarde. Dans la descente vers le barrage de Tignes, succession de peurs dans les traversées des tunnels. A Bourg St Maurice, un local me conseille la route du Cormet de Roselend 1968m. Montée sans fin et bel exercice dans un écrin superbe. Beaufort petite ville bien agréable. Sa réputation fromagère m'incite à me restaurer. Nuit au sommet du col des Saisies (1650m).
Jeudi 18 : Au réveil, le temps est malade. Notre Dame de Bellecombe, Megève, St Gervais, Le Fayet, Servoz, puis Chamonix rythment cette journée. A l'abri du Nt Blanc, Chamonix possède une âme, une vie, une histoire. Haut lieu de la montagne, je l'abandonne sous la pression des nuages. Au col des Montets (1450m) le ciel est menaçant. Voici la Suisse et la pluie. Coincé dans l'ascension de la Forclaz, sous un véritable déluge, la chance me sourit : un Abri ... Miracle de l'aventure !
Vendredi 19 : Lourd et orageux. Dès l'aube je clos le travail commencé hier, mon dernier col alpin (1527m). Descente frissonnante avec des pointes à 60 km/h sur Martigny. Le Rhône me guide sur le Lac Léman. Retour au pays à St Gingolph, affamé. Orage dément à Evian et sa source Cachat. 8000km. Le ciel ne guérit pas. Thonon puis Yvoire tardivement. Comme une odeur d'écurie.
Samedi 20 : Au petit déjeuner j'avale la visite de la charmante et médiévale cité d'Ivoire, à voir. Au déjeuner, Genève. Sous temps couvert, la ville manque de relief : les photos geignent. Amis Suisses, au revoir ! Gex sentinelle de la Faucille que je gravis aisément : 1323m, une broutille. La pluie me rejoint, nous faisons route sur les Rousses, Morez puis la station de ski de Bellefontaine. Bivouac sous une avancée de toit. Dès 4h je suis trempé, la faute est payée.
Dimanche 21 Août : Ultime étape de ce voyage, les trombes d'eau en seront le marquage. Mouthe, Malbuisson, Pontarlier, Morteau, Maîche, Belfort et au final Evette-Salbert, un menu copieux. Arrivée nocturne, un petit comité d'accueil m'attend : belle marque d'amitié. 186 km ce jour, 8330 au total, boucle fermée, bouteilles ouvertes. De mon rêve évanoui, subsiste la fraternité des rencontres, un puzzle d'images et un souffle de liberté. Ces 98 jours me laisseront des traces, les preuves d'amitié resteront gravées.
(fin)