Ce projet initialement programmé en 4 phases n'en comportera au final que 3, si du moins aucun mauvais esprit ne vient contrarier cette aventure. Je vous dévoile aujourd'hui le 1° épisode de l'entreprise, rejoindre les 2 seuls pays du continent Européen dans lesquels je n'ai pas encore mis les roues, à savoir, le Kosovo et la Macédoine, par chance côte à côte. Il restera alors 3 îles inconnues (voir le clip Randographie sur le site) pour avoir roulé à travers tous les pays de notre continent. Si tout va bien, c'est à Skopié que je vous informerai de mes pérégrinations suivantes, celles du second step. Reste les doigts .. à croiser.

Les préparatifs sont en cours, le jour du départ difficile à fixer, SA, DI ou LU probablement.

Mercredi 23 Juillet

Après 2 jours d' attente pour cause d' humidité, voici enfin le départ. J' empile les déboires, l' itinéraire contraint se modifie pour finir par être conforme à celui que je voulais éviter, Belfort, Audincourt, Maîche et enfin le camping de Morteau. De cette mise en chantier par un temps lourd, je retiens les multiples rencontres et les prairies du haut-Doubs peu propices au camping sauvage.

Jeudi 24 Juillet

L' épaisseur de la brume retarde ma mise en selle. Le Doubs paresseux se joue des caresses d'un soleil pas encore maître des opacités matinales. Une piste cyclable couvrant le traacé d' une ancienne voie ferrée me porte à Pontarlier par un circuit reposant. Je m'y enrichis de quelques Francs Suisses. Tout proche, le château de Joux est bien trop haut pour que je m'y risque, les 1000 mètres des Hôpitaux Neufs me suffisent. De Jougne, descente abrupte sur la frontière mais ensuite je confirme; le Jura n'est pas mort. Je clos faute de mieux dans le triste et pauvre camping de Penthaz sous un ciel agressif.

Vendredi 25 Juillet

La tente a supporté sans broncher les excès pluvieux mais au matin je la plie trempée, pas formidable pour celui qui l'utilisera ce soir. Lausanne n'est pas loin mais le tracé exigeant retarde longtemps sa conquête. Sans attirance pour le lieu, je file sur les rives du Léman, Vevey, Montreux puis au pied des massifs alpins Martigny et son camping. Le vent souffle avec une violence propre à décorner les boeufs.

Samedi 26 Juillet

Depuis 4heures du matin, la pluie violente la tente, le programme établi hier a du plomb dans l'aile. 7, 8, 9, les heures se suivent, les intempéries persistent. A 10 heures je me secoue et me décide à plier bagages. Le ciel est si bas qu'il me courbe l'échine. Le vent d'Ouest me pousse à vive allure vers un horizon que je souhaite plus serein. Le Valais n'est pas tendre, Sion, Sierre sont probablement de magnifiques villes mais aujourd'hui elles me sont indigestes alors que j'y fais provisions pour le we, les magasins étant fermés ! A Visp, les ondées cessent, à Brig je suis sec, prêt à camper sous un ciel d'une pureté peu enthousiasmante. Quelle journée !

Les nuages étouffent le massif alpin, je décide de tenter le Simplon. A 8h, je m'élance sur les 23 km qui me séparent du sommet. La pente est raide mais régulière. 2 gros soucis émailleront cette ascension, par 2 fois des travaux dans les tunnels réglementés par des feux, je ne tiens pas le timing imposés par ceux-ci, et donc des véhicules à contre-sens ... une étrange altération suisse vis à vis des cyclistes. Dans ces conditions, le col à 2005m est une délivrance qui me laisse une amertume, l'impression d'une route qui ne colle pas à mes souvenirs. Le sommet est grandiose, il donne à notre dimension sa taille réelle. Je plonge dans la descente, bien belle mais que je ne peux admirer car dans ce sens tout va vite, très vite. Pause à Domodossola, le passage de 12° à 25° a été rapide, toute la différence entre Suisse et Italie. Au bien joli lac de Mergazzo, le prix des campings est dissuasif (~25€), ce sera le bord de la chaussée.

Lundi 28 Juillet

Dans un air poisseux, les rives du Lac Majeur m'apparaissent. Au loin se dresse la denture féline des Alpes, un spectacle à la mesure de la notoriété des lieux. Le bac sur le lac me transporte de Verbiana à Laveno, trop court voyage. Ayant choisi de découvrir les charmes de Varese, je n'en garde que 2 puissants souvenirs, la côte d'accès et l'absence de tout intérêt dans la cité. Au loin brille Côme, j'y fais la rencontre de 3 jeunes suisses assoiffés de conquêtes, cmme par exemple celle de la Serbie et plus !Le ciel est mauvais, l'orage me saisit, un abri bus me donne refuge, des grelons énormes font une apparition. Je campe trempé dans les pires conditions.

Mardi 29 Juillet

Trempé couché, trempé levé, la nuit fut affreuse et les eaux incessantes. La cape sera aujourd'hui ma principale compagne. Les Alpes s'éloignent peu à peu tout en sachant rester présentes. Bergamo se présente, la ville basse est quelconque, l'alta citta, une mine d'or qui mérite les calories dépensées, le centre le plus intéressant depuis le départ. Les routes du nord du pays peinent à être comprises, faut dire que d'anciennes nationales sont reconverties en voies rapides impraticables à vélo. Pressé par un ciel près à pleurer, je campe dans un immense pré ras qui ne me cache en rien des regards indiscrets.

Mercredi 30 Juillet

Debout avec les premières gouttes elles m'accompagneront crescendo jusqu'à 16h. Que trouver de beau et de désirable dans de telles conditions ? Brescia fait des laissés pour compte. Le ciel prend couleurs pour arrivée sur le lac de Garde, un lieu fort couru dont les rivages m'aimantent, difficile de trouver une voie pour vélo. Finalement je force le verrou et dors en surplomb de l'autoroute et d'une voie rapide, un couple inestimable au combien bruyant.

Jeudi 31 Juillet

Je parviens sans difficulté à Verona, une ville remarquable aux arènes grandioses, une conception tellement semblable à Rome. Sous la chaleur lourde et un soleil d'enfer qui a fait gonfler la température, je choisis l'option cybercafe où je prends racine.

Jeudi 31 Juillet (Suite)

Dans les rues de Verona, la chaleur est épuisante, une première véritable journée d'été. Route reprise, le paysage est d'une pauvreté affligeante, le piquant réside dans la difficulté à trouver un point où planter la tente, ce sera à Alte Ceccato que seuls vous et moi connaissons !

Vendredi 01 Août

La nuit dans le vignoble fut sans pépin. Rapidement à Vicenza, la ville bien que de taille modeste, ne manque pas d'atouts architecturaux. Après une exploration minutieuse, la sortie est un véritable rodéo orchestré par une « Tangentiale » inflexible et omniprésente. Sans l'aide locale, j'y serais probablement encore. La plaine est d'un ennui mortel que tronque Padova au patrimoine remarquable sans être au niveau de celui de Verona ... tout le monde n'est pas dieu. Dans une chaleur accablante, la sortie est un nouveau défi stressant. Dans l'impossibilité de planter la tente ailleurs qu'en camping pour cause d'habitations, je m'y prête sans joie d'autant que la présence massive de moustiques n'y aide pas.

Samedi 02 Août

Rapidement à Venezia pour raison de proximité, pas facile de trouver les quais de la « Venezia Lines » avec toutes ses interrogations. Un hydroglisseur m'emporte, pas facile d'y insérer Yaka d'ailleurs. Je re-visite Venise à faible vitesse puis avec vélocité dès la sortie de la lagune. Mauvaise surprise, le bateau dessert l'île de Cres avant Pula, d'un illogisme parfait qui me change l'heure d'arrivée ... 21h30 ... ça risque d'être féroce pour le couchage.

Dimanche 03 Août

Arrivé avec du retard, la nuit est bien impénétrable lorsque je débarque le dernier pour cause de vélo. Un camping existe, je l'ai même trouvé rendant les appréhensions moins graves que prévues. Au départ de Pula dont l'incroyable amphithéâtre romain mérite l'être vu, le reste étant sans intérêt, le détours s'empilent afin d'éviter cette empoisonnante autoroute ... une preuve de l'appartenance de la Croatie à l'Europe. Dénivelés incessants, chaleur poissante, sont les caractères d'une voie qui ne me laissera pas un souvenir impérissable. Seuls les probants panoramas de fin de journée payent la débauche d'efforts consentis. Je campe sur une plate-forme à 20m de la mer dont le souffle m'enchante, dommage que les branchages limitent le plaisir des yeux.

Lundi 04 Août

Il fait toujours aussi lourd malgré l'averse orageuse nocturne. L'étape me promène sur la Riviera Opatija qui mène aux rues inchangées de Rijeka. Ravi de retrouver ce lieu qui ne me laisse pas de marbre, je crois pouvoir ajouter que la conduite générale du Croate est dangereuse. A 19h, le bateau lève l'ancre, cabines, ponts et garages étant archi-combles.

Mardi 05 Août

Réveil à 5h, le spectacle depuis le hublot sur les îles est splendide, à 7h, Split accoste, l'île de Var suivra et enfin Kerkula, un bien beau village avec de vieilles pierres, tout ce qu'il faut pour que le tourisme explose. Je dois cependant prendre un bac pour poursuivre ma route, bien caché dans une crique retirée. Enfin à pied d'œuvre, les jambes s'en donnent à coeur joie mais Peljesac s'avère un morceau coriace, bien au delà de mes espoirs. Je plante la tente avec 32 km au compteur ... vidé et un peu démoralisé,la chaleur étant torride.

Mercredi 6 Août

Au réveil, repli d'urgence, le propriétaire des oliviers s'est décidé à débroussailler ma parcelle. Contrarié, Drace me réconcilie avec les lieux, le hameau fixant la mer avec un bel aplomb contrairement à moi face au col qui au loin semble bien haut. Opération conclue, Ston ne manque pas de me surprendre avec ses fortifications médiévales extravagantes identiques à celles de Kotor. Retour sur la nationale continentale, rapidement la circulation m'est insupportable, le tourisme tout autant. J'évite Dubrovnic que je connais déjà et me précipite dans les bras de la Bosnie par un itinéraire confidentiel qui me réconcilie avec l'aventure. Je campe en montagne.

Jeudi 7 Août

Tout va trop bien jusqu'à Trebinje. Direction la montagne, très longue et usante montée à plus de 1000m, pénible, j'y laisse toutes mes forces. La descente sur Niksic atteint des sommets de vitesse et dans la ville qui n'a pourtant rien d'excitant je décide de prendre hôtel en ville où stationne déjà 3 jeunes français. Une soirée de récupération.

Vendredi 8 Août

En définitive les 10 places de l'hostelworld étaient prises et toutes par ... des français dont un groupe de 4 filles ce qui a fait monter l'ambiance. J'ai vérifié que la France était beaucoup représentée au Montenegro mais personne n'a su me dire pourquoi. Premier debout, je suis également le premier à partir, la jeunesse étant encore au lit. La chaleur est poisseuse à en être désagréable. je tente par l'ancienne nationale mais la tâche dépassant mes capacités du jour, j'opère un demi-tour audacieux qui me conduit au devant de 4 tunnels, ce que je redoute le plus. Faut dire que je tiens encore à la vie. Longue descente peu esthétique avec de longs faux-plats épuisants, cette journée n'est pas la mienne. Voici enfin la capitale Podgorica un retour 8 ans plus tard mais une transparence de la ville conservée. Comme prévu, je dors à l'hôtel pour mettre à niveau la logistique. Comme tous les jours l'orage éclate et comme tous les jours, il semble être tombé à côté.

Samedi 9 Août

Les routes n'étant pas nombreuses, je ré-emprunte l'axe Podgorica-Shkodër utilisé en 2008. Bon choix car si rien n'a changé jusqu'à Tuzi, le reste est méconnaissable, gagnant en confort ce qui est perdu en charme et us, même les racketteur de tous poils ont disparu. Dans la vie tourbillonnante de Shkodër, je cherche ma voie pour remonter les Balkans vers le Nord. Tous les albanais interrogés conviennent qu'à vélo, la seule solution envisageable est ... l'autoroute. Ferme sur mon choix, une première interminable montée me porte à un sommet inconnu pour y dormir ... heureux.

Dimanche 10 Août

Superbe journée montagne qui me promène entre 400 et 1000m au gré de ses choix et au prix d'une énergie folle. Le revêtement souvent arraché n'aide pas à gonfler le kilométrage, la pluie semble avoir une vigueur redoutable lorsqu'elle daigne se présenter. 68km au compteur situent l'exigence de l'exercice. Craignant que l'orage sur les sommets voisins ne se répandent jusqu'à moi, je m'abrite dans un vallon à 600, un lieu sauvage mais peu glamour. Dans ma solitaire soirée, je me remémore Puke pour son arrêt gourmand et l'interview auquel je n'échappe pas mais également Fushe Arrezi pour sa surprenante architecture verticale.

Lundi 11 Août

Aucun éboulement ne m'ayant enseveli, je retrouve avec soulagement l'affreux régime physique d'hier. Dans ces conditions mon énergie se délite, je croise Guillaume à vélo lui aussi pour de longs mois. Après cet agréable interlude, le travail reprend. L'Albanie n'est pas avare de surprises, elle m'en réserve une dernière à l'approche de Kukès, l'autoroute qui me projette vilainement à la frontière avec le Kosovo. En sortie des douanes, une seule possibilité, l'autoroute mais cette fois STRICTEMENT interdite. Un taxi m'explique la solution, ce pays jamais encore foulé m'ouvre alors son territoire. Explosé, je dors en campagne, le risque de mines dans cette région étant tangible, je limite mon incursion aux quelques mètres qui bordent la chaussée, une nuit bruyante.

Mardi 12 Août

Quelques kilomètres me séparent de Prizren. Journée de pause dans une auberge bien reposante. Sur les premiers clichés, fini les Balkans assassins, une vaste plaine semble prendre naissance. Par ailleurs, le kocovar ne ressemble en rien à celui que je m'imaginais ... on dirait plutôt un serbe ! En attendant, la ville patiente, rendons lui une courte visite. Le château dominateur, mosquées diverses et même une église en complète rénovation, la vie grouille sous une chaleur extrême. Ce pays ne cesse de me surprendre, je l'attendais pile, il est face, une découverte décoiffante aux températures insupportables,

Mercredi 13 Août

Prizren est aussi vivante la nuit que le jour, elle me rappelle par de nombreuses facettes le charme de sa grande soeur de Bosnie, Sarajevo. Départ matinal pour éviter les grandes chaleurs. Je traverse des plaine de culture diversifiée sans aucun intérêt. Pour rompre l'ennui, je fais arrêt à Gjakové Dakovica, une ville grouillante sans le moindre attrait, quel contraste avec Prizren ! Il fait une moiteur épouvantable, je peine à rejoindre Peje, sur les flancs de la montagne, haut-lieu des combats entre Kosovo et Serbie, la Kfor étant encore stationnée ici pour faire régner le cessez le feu enfin j'imagine. Je suis si épuisé que je prends refuge en ville pour la découvrir. La rumeur m'informe des 39° du jour ... qu'une alerte a été lancée pour se cloîtrer à l'intérieur, enfin tous ces messages infantiles dont les consommateurs sont partout abreuvés.

Jeudi 14 Août

Départ à 7h, tout le monde dort encore à l'exception du soleil déjà au travail. Les 30 premiers km sont insipides mais rapidement exécutés. Ensuite, à ma grande surprise apparaissent des collines chauffées à mort. Le paysage prend un peu de grandeur mais la lumière d'Est interdit la photo. Subitement je suis dévié sur la seule autoroute du pays qui se change en route afin que je l'emprunte. Le cadeau n'est pas négligeable, j'entre dans le grand chantiier qu'est Prishtina à 13 h, les 90 km sont bouclés, reste à trouver une guesthouse pour la nuit. Contrat rempli, le souk est mon royaume, quelle ambiance ! Visite de la ville avec yaka, une de mes dernières capitales du continent Européen à manquer à la liste. La ville ne manque pas de saveur, elle est idéale pour clore le tour de ce pays, dommage que la chaleur soit si épouvantable ... autant être grillé comme tant de moutons ici !

Vendredi 15 Août

Le départ à 7h n'interdit pas d'être excessivement dangereux dans ses premiers kilomètres pour ensuite s'assagir. Le paysage reste d'une pauvreté affligeante, une sorte de zone industrielle particulièrement laide et sans fin. Les forces de la KFOR disparaissent en même temps que le Kosovo, j'entre en Macédoine, le dernier pays du continent européen qu'il me restait à conquérir ... c'est fait, pour sa capitale, il me reste une vingtaine de km ... insipides. Quel fourbis dans Skopié, en trouver le centre me prend une belle énergie d'autant que l'étuve est terrible. Ma dernière capitale est étrange avec de fantastiques palais et statues de style monumental,un véritable pied de nez à la Grèce ! Pour un dernier trophée, il a l'avantage de ne pas être classique. Je prends place dans une charmante guesthouse afin de vous faire part de ma décision de continuer ce périple et d'engager dès demain l'épisode n° 2 que je vous dévoile ci-dessous.

La grande décision du jour ... je continue 'A Suivre ...' selon la carte ci-dessous.

Samedi 16 Août

Je quitte à regret le très joli site de la factice capitale Skopié par l'autoroute, qui des l'avis unanime, est la seule solution disponible. Dans l'horreur de cette situation, 20 km suffisent à me sortir de ma léthargie ... un péage m'arrête, un sourire, un bof, bof puis un go, go me relance, que d'émois ! Connecté à une nouvelle autoroute d'apparence plus ancienne, je suis bien serré à droite, la voie de service étant absente. Le danger est monstrueux, les km très longs et les bolides lâchés dans mon dos, une angoisse perpétuelle ce qui me donne droit à un nouveau péage ... l'émotion est ma compagne, le pass identique : go, go. C'est à ce prix que j'obtiens Kumanovo, grande ville et réalité plus tragique du pays. Direction plein Est à travers la montagne, un paysage superbe que personne n'habite. Après plus de 100km, Palonca tombe, mes sacoches se garnissent, la nuit tombe, ma tente se dresse.

Dimanche 17 Août

Ciel tapissé de nuages qu'aucune force n'a le pouvoir de percer. La gorge gracieuse d'hier se révèle un rude col qui me tracte à 1100m, laisser passer pour la Bulgarie. Les autorités sont souriantes et moi frigorifié, j'enfile mon coupe-vent. Descente abrupte et à Kjustendil; je parviens à dégotter une échoppe pour changer un peu d'argent, c'est dimanche et tout est fermé. Rude exercice physique constitué de 2 cols pour goûter aux joies de Dupnica puis aux désolations d'un couchage trop tardif donc minimaliste.

Lundi 18 Août

Ciel lavé et repassé, il est prêt à être sali par de nouvelles escalades. Dans un premier temps, belle mise en condition avec un col à 1150 sans aucun point de vue. La chute à 900 offre un plateau avec de superbes perspectives et de pimpantes montagnes. Grande ville de relief, je partage avec Samokov quelques spécialités sucrées et une affection particulière avec la population d'altitude. Festins clôt, les hostilités reprennent et ne cesseront qu'à 1300m, station de ski de Borovets. Les hauts sommets des Balkans se dressent ici, dommage qu'aucune échappée ne nous en fasse profiter. Ma déception est grande mais plus grande encore celle concernant l'état de ce grand axe. Descente infinie durant laquelle je converse avec un anglais à vélo de course qui rejoint Londres à Istanbul en 9 jours !!! En ce qui me concerne, ma route rejoint la nationale et comme par enchantement efface les cruelles illusions de sommets à venir; les Balkans s'évapore. Couchage sous de petits cerisiers.

Mardi 19 Août

La pression basse du pneu arrière me laisse songeur. Je regonfle mais hésite à changer de matériel, serait-ce un problème de valve ? Plovdiv me reçoit à 11h du matin. La ville regorge d'un très important patrimoine romain, je comprends à présent pourquoi cette ville est si réputée. Son centre est totalement interdit même aux vélos sauf à Yaka qui ne comprend pas le bulgare. La mise en valeur des vieilles pierres est particulièrement réussie ... Rome peut prendre exemple. Je m'installe à l'hostel de ma préférence, l'heure des travaux logistiques a sonné.

Mercredi 20 Août

Second levé, le soleil éclatant étant le premier, je suis cependant le leader à partir. La plaine est désespérément plate et ennuyeuse avant qu'elle ne frissonne, ne se plisse puis ondule et enfin ne forme de grandes vagues qui nécessitent les développements les plus petits. Dommage qu'à aucun moment mon attention ne soit concentrée hors d'un bitume en bien triste état. Détour par Haskovo afin de retenir un cliché de cette journée ... bon la ville est trop insipide pour en garder autre chose que les nombreux contacts. La journée se termine à Armanli dans un complexe superbe au tarif imparable de 5€, avec en plus l'impression d'être en vacances. Une douche fera du bien et vivement l'hiver.

Jeudi 21 Août

Happé par l'autoroute en sortie de ville, le camping fut une chance incroyable. L'ouvrage démesuré au regard de la circulation ne me laisse libre qu'à la frontière, une bien triste fin de séjour chez les bulgares. Impressionnant dispositif anti-immigration auquel je ne crois pas, toutes les défenses ayant faiblesses. La brume qui m'avait protégé se dissipe en Turquie, le paysage prend de l'ampleur, l'autoroute poursuit la promenade, j'imagine pour des raisons identiques. Edirne est ma première halte pour disposer de Lires, une bien jolie ville totalement occidentale et terriblement touristique. je lui accorde plus de 2 heures pour effectuer une transition douce. A Havsa, ma surprise est énorme, la ville vit dans la poussière et la boue, je n'avais pas ce souvenir. Je dors dans les cultures de maïs après avoir affronté des hordes de moustiques vengeurs.

Vendredi 22 Août

Pas un moustique ce matin, la victoire aurait-elle à ce point été écrasante ?Je déjeune à Babaeski dans un incroyable nuage de poussière dû aux travaux d'assainissement, les turcs ne font pas les choses à moitié mais la population accepte. Je quitte l'axe phare (car très utilisé par les touristes) pour couler quelques instants reposants à Hayrabolu plus au Sud. La route est mauvaise et harassante sous un soleil de plomb. La Mer de Marmara m'envoie ses mouettes, je plante alors la tente en pleine nature, à 10 km de celle-ci et avec plus de 2500 au compteur.

Samedi 23 Août

Journée prévue comme énergivore qui doit me faire changer de continent. Debout à 5h malgré une alerte nocturne qui affecte mes heures de sommeil. D'infernales montées me mènent à Tekirdag, ville située au niveau de la mer !! Trouver le lieu, le quai ... je vous passe les détails avec des turcs souriants mais sourds comme des pots en réponse à mes questions. Le hasard me sauve, j'attrape juste le ferry, je parviens à comprendre que j'ai une correspondance à Avsa !!! L'aide locale me permet de rejoindre Erdeq, contrat rempli mais je ne parle pas de l'état physique du vacancier. Il me faut cependant reprendre la route, je ne peux dormir sur le quai de cette station très prisée. Le vélo est un boulet, la température culmine à 40, les côtes sont indigestes, mon bonheur étant d'être en asie. Pour raison d'horaire, j'évite Bandimar à regret et campe dans sa banlieue.

Dimanche 24 Août

J'abandonne la plantation d'épicéas pour le bleu d'une chaleur torride. Le vent étant tombé et le relief plat, les km sont à la fête d'autant que le seul spectacle de ce dimanche est le travail des femmes à la récolte des tomates, super pays pour le mâle ! Les petites jambes tournent et tournent, si bien qu'à 15h j'aborde Bursa, ville impressionnante par sa taille et sa conception à flanc de montagne. son centre est très occidentalisé, en rupture avec la campagne. 30km de faubourgs et la visite du centre me liquéfient. Encore un effort pour rejoindre une plantation de poiriers et y dormir avec l'accord du propriétaire.

Lundi 25 Août

La chaleur ne me lâche pas, difficile pour l'hygiène et la selle. Le départ est vertical avec un premier col en 2 étapes, me voici bien éprouvé. Comme assommé, toujours assoiffé, je reprends forces à Inegol, une ville à ma dimension. La lutte contre le soleil résume le projet sur ces jours qui passent. La route semble s'élever avant d'être franchement montante avec des kilomètres à 7% là encore en 2 paliers j' atteins mon premier 800 ... en nage. De l'autre côté Bozuyuk m'autorise l'hôtel, une soirée besogneuse.

Mardi 26 Août

J' exulte, le ciel est couvert. Alors que j'attaque les premières pentes, mon enthousiasme faiblit ... le ciel bleu mange peu à peu mes espoirs. Le terrain s'adoucit, j'entre à Eskisehir, une ville très moderne et peu conforme à la norme, en fait, un lieu d'intérêt pour étudier les nuances turques. Je finis par m'extraire de cette ambiance sympathique pour réintégrer le ruban routier. La température n'étant que de 39, je vérifie l'altitude ... 900m, sacré surprise et plus encore car à l'utilisation, il s'agit d'un plateau. Dommage que je ne puisse vous faire participer à ce bonheur divin d'arpenter les grands espaces infinis. Végétation rase, température ignoble, soif intense, le camping sauvage n'est plus à l'ordre du jour, il faut survivre. Point d'accueil à Mahmudiye, j'en trouve un à Cifteler que j'adopte. L'aventure est parfois oppressante.

PS: Depuis l'entrée en Asie, la gestion des contacts est prenante, le Turc se mettant en quatre alors qu'une réponse simple me suffirait.

Mercredi 27 Août

Température exécrable jusqu'à ce que je parvienne à sombrer dans un sommeil si profond que je ne me souviens de rien. Assoiffé au réveil,par bien des points, cette aventure a des relents de mon épopée africaine. Rapidement, il me semble que la route s'élève, les paysages prennent de la cuisse et mon oeil du plaisir. Les hauts plateaux de l'Anatolie sont d'un rare sublime sauf qu'avec 10° de moins ils seraient digestes. Pentes après pentes l'altimètre m'annonce la barre des 1300. Curieux cette modestie turque sauf pour les degrés .. 39 au sommet!

Petite visite au Sehir Merkezi d'Emirdag où je me désolidarise de mes rêveries sur carte, je poursuis sur les hauteurs, rafle multitude d'autres clichés superbes et percute Boldavin pour un hôtel. Une famille belge (enfin turque) puis une seconde change mes objectifs. Je dors à Cay.

PS : Que de scooters électriques, un poison car ils sont inconscients et silencieux.

Jeudi 28 Août

La routine s'installe, ce qui n'est pas pour me plaire, départ matinal avec 100 km à avaler, des degrés qui montent graduellement jusqu'à 39, le bruit du trafic qui saoule, le soleil qui assomme, les klaxons qui énervent, les scènes de vie qui se répètent sauf qu'à main droite la montagne est radieuse. A mi-course, Aksehir est le modèle à ne pas suivre ... rien à voir je continue. La seconde partie ne comporte pas beaucoup de satisfaction, une journée très mitigée dans une Antolie parfois décevante. Ilgin pause d'un soir n'a rien d'un bonus, que peut-on faire une vie entière dans un tel endroit ??? Moi demain je ne reste pas !

Vendredi 29 Août

Rares sont les humains dans la ville,pas les chiens errants. Le plateau sévit toujours mais aujourd'hui, il ne me donne ni ville, ni village sur les 90 km qui me mènent plus rapidement que prévu à Konya, très grande ville du pays Pour preuve, les 20km de banlieue que j'ai avalé avant d'atteindre l'incontournable Sehir Merkezi et l'un de ses hôtels. Je suis au coeur d'une cité qui ne manque ni de charme, ni de passé. Dans tout ce fourmillement je ne me sens guère à ma place même si j'y suis à l'aise. La nuit tombe aussi vite que le jour se lève et demain je compte partir à l'aube.

Samedi 30 Août

A présent je peux l'annoncer, le projet « A suivre » est sur le point de s'achever, le verrou pour la Cappadoce est ouvert, le plateau désertique entre Konya et Sultanhani de plus de 100 km me faisait des inquiétudes, mais heureusement depuis 2 jours les températures ont perdu de leur insolence. En fait, si les difficultés ont été au niveau attendu, je suis très déçu par la médiocrité du spectacle alors que j'avais ce trajet comme incontournable. J'ai juste 20 km durant mesuré ma petite taille et faible influence dans cette immensité sans ombre et sans contour. Je ne regretterai jamais cette étape même si jamais je ne la conseillerai. Je campe donc à Sultanhani après avoir visité son caravansérail et là, je rêve et rêve encore, je suis sur la route de la soie, j'imagine les caravanes, les soirées, et pour moi ce soir avec l'imagination et la fatigue ... j'y suis.

Dimanche 31 Août

Grosse nuit pour évacuer une partie de la fatigue. Le vent contraire est très usant, les 50 km restants d'anciens marécages sont aujourd'hui arrosés pour les cultures diverses. Enfin Aksaray, ville importante par la taille rend les armes. La chaleur y est brûlante et l'intérêt très limité, je n'y fais donc pas de vieux os. Cette fois la Cappadoce est là, mon choix se porte sur la vallée d'Ihlara. Je file donc sur un Sud qui ne m'apportera pas la fraîcheur tant souhaité. Je campe à Selime, ici faut être vigilant sur le prix, le bon bougre turc s'est transformé en avide marchand, je précise donc à tous que je suis voyageur pas vraiment touriste ...Pour les lieux les créations magiques s'empilent, la partie troglodyte m'étant rapidement insupportable.

PS : Avec les crèmes solaires le moustique est revenu ... excité,

Lundi 01 Septembre

Je m'élance pour la conquête d'Ihlara non prise hier. Yaprakhisar est un terrible mur qui me remonte sur le plateau. Voici enfin la ville convoitée dans laquelle je plonge pour traverser le torrent Melendiz dont le canyon recèle nombre d'églises rupestres. Passage par Guzelyurt pour vérifier mes qualités de grimpeur et cotoyer le Mont Melendiz. La première partie de la Cappadoce étant bouclée, c'est à Derinkuyu que je prends « otel » afin de visiter sa grande cité souterraine, un impressionnant dédale dans les profondeurs de notre terre (sur l'équivalent de 5 étages). C'est à voir mais ce n'est pas le plus grand souvenir rapporté, si ce n'est celui d'avoir marché courbé la plupart du temps.

PS : De cette séquence je garde plus particulièrement Selime.

Mardi 02 Septembre

petit kilométrage pour une étape de poids, la Cappadoce véritable, celle que tout le monde évoque. Après quelques mises en bouche, j'entre dans sa capitale, Nevsehir, d'une banalité assez effrayante. Ma pause sera donc brève, j'engage les hostilités sur Uchisar. La proie est facile mais je dois avouer, de qualité, ses excentricités étant tout à fait exceptionnelles. A regret, je m'éloigne de ce théâtre baroque pour me jeter chez sa toute proche voisine dont le nom à lui seul fait rêver ... Goreme. Là encore, l'invraisemblable se joue du magnifique, je suis comble. En ville, le tourisme me fait tousser, je décide de pousser un peu mon avantage. La route vers Ortahisar est un défi au possible, la pente est telle que je dois véritablement hisser Yaka sur les hauteurs. Ruisselant, je plonge sur Urgup qui hormis le col qui lui donne accès n'est qu'une constellation de déceptions. Je fuis alors sur Avanos, bourgade beaucoup moins huppée fin d'y passer une nuit tranquille. Les jours de « A suivre » sont comptés mais je dois faire le plein d'énergie afin de rentrer avec tout l'équipage !

Mercredi 3 Septembre

Mauvaise nuit dans la caverne de la Guest House, les appréhensions pour l'embarquement de Yaka nuisent à mon sommeil. Éreinté par la chaleur, le paysage est ennuyeux, le kilométrage fastidieux. Enfin Kayseri m'accorde l'hospitalité, je choisis l'aéroport, rien ne se passe comme souhaité mais le billet est en poche, il va falloir pousser pour que le reste suive. Sehir Merkezi, une chambre, pas des plus charmante mais une chambre. Je cours les boutiques avec le vélo afin d'exposer mes souhaits. plastic et carton sont trouvés ... demain sera une bagarre, le départ est fixé à 23h ... j'espère que nous y serons tous.

Jeudi 4 Septembre

L'attente n'est pas une religion que je supporte mais cependant j'y succombe. N'ayant pas d'autre opportunité que celle de réussir, les heures vides manquent de sens. A 17h, je m'active dans l'aéroport pour donner bonne apparence à Yaka et à mes 3 packs de bagages. Les anecdotes déferlent et m'encombrent mais finalement le succès est au rendez-vous dans un bain de sueur.

Vendredi 5 Septembre

L'avion nous emporte à l'heure prévue, le hall de transit d'Istanbul nous accueille à 2h, n'offrant même pas un siège au réfugié pour se poser, le sol froid et sale étant mon seul ami en ces lieux glauques. La veille pour ne pas manger la correspondance décape les heures de toute douceur. Bâle me délivre enfin de ce mauvais rêve, la porte du garage semble m'attendre et dès que je l' entre-ouvre, les habitudes m'assaillent. Retour effectif, la tête est encore sur le chemin, l'escapade défunte demandera plusieurs jours pour être assimilée ... que de bonheur et d'images à coller dans le grand livre d'une mémoire qui en déborde.