2009 - Plein Sud

le projet

Itinéraire et connexions wifi
Itinéraire et connexions wifi

Des plages de Bas-Evette à celles de Dakar

Persuadé de ne pouvoir mener à bien ce 8° projet jusqu'à son but, je l'ai intitulé "Plein Sud", ce qui me donnait de la marge. Ce voyage m'a mené depuis la porte du garage jusqu'aux plages de Dakar, soit 7400km en 97 jours. Les autoroutes Espagnoles et les soucis de santé ont occupé ma tête sur la section Européenne, les contacts avec la jeunesse, la chaleur quotidienne, l'eau, les moustiques, la longueur des étapes et la tempête de sable m'ont forgé un mental d'acier sur la partie Africaine, ce qui me permet de penser que ce périple fut de loin, le plus difficile de tous. Pour compléter le tableau, j'ajoute que paysages, villes, médinas, casbahs, pauvreté, gentillesse, sourires, fraternité me laisseront un souvenir impérissable d'un voyage différent sur un continent qui décoiffe. Aujourd'hui encore, je me pince pour croire à l'aboutissement de cette entreprise que je conseille à tous.

article 1 posté de Laguiole (France)

Dimanche 09 août
Après l'incontournable "Pot du Départ", nuit mouvementée, debout à 5h. Contre toute attente, je suis prêt à 9h. Un dernier verre pour la route, et hop j'endosse ma peau de routard. Quelques courageux cyclistes m'accompagnent sur les premiers km. La température grimpe, la Haute-Saône ondule, Yaka ma nouvelle monture, me ravit, Nath ma grenouille bronze. Tous ces apéritifs ont émoussé ma vigueur, je pédale sans grâce. Soudain mon dernier compagnon m'abandonne, j'opte pour une route secondaire qui jouxte la nouvelle ligne TGV. Sur un profil sanglant, quelle débauche d'énergie. Épuisé, je dors à Rioz.

Lundi 10 Août

Si le soir sous la tente fût étouffant, la nuit a nécessité le duvet. Sur une route très en bosses, Nat ma grenouille est souriante ... les averses nous douchent à plusieurs reprises. Que de châteaux dans cette campagne tellement paysanne. Gy puis Gray ponctuent les heures qui s'égrainent. Sans bruit, la Franche Comté m'abandonne. A 10km de Dijon je pose la tente ... tardivement.


Mardi 11 août
Sous un ciel peu engageant, journée idéale pour pédaler. A Dijon, ma première crevaison. Il me faut une clé 5 pans, oubliée au garage. Aïe! va falloir faire appel à un vélociste. Les ennuis accourent. Soumis au feu des questions des passants, 2 heures sont nécessaires pour réparer sur le trottoir devant l'échoppe du marchand  au centre-ville. Dépannage terminé Nath me hèle, pas la grenouille, mais notre représentante au conseil municipal ... le monde est étrangement petit. Toute la journée je hante les grands crus de Bourgogne où je me désaltère ... à l'eau. Abreuvé, Santenay m'ouvre son épicerie, reste le couchage. J'y vais.
Mercredi 12 août
La nuit dans les vignobles s'imposait, ceux de Santenay sont particulièrement tranquilles. Le temps semble beau malgré des troupeaux nuageux d'altitude. Quelques kilomètres de piste sur une ancienne voie ferrée, me voici en Saône et Loire. Ici la route m'appartient, j'y suis seul ou presque. Je m'en amuse mais la succession de raidillons m'abrutit. Au Creusot, soleil d'acier. Mes mollets râlent, Gueugnon manque de pétillant. Pour compenser j'avale un Fanta. On m'indique une route ... si petite que j'y suis seul. Arrêt à Rigny ... tout semble si convenu, que va-t-il donc arriver ?

Jeudi 13 août
Hé bien rien, la nuit fût superbe mais le réveil s'effectue dans la brume. Le Morvan est un souvenir, j'imagine une route confortable ... il n'en est rien et la selle ne fait aucun effort pour se rendre amicale. Le profil moutonné de la route requiert de l'énergie, Le Donjon et La Palisse me paraissent miséreux, sentiment écrasé par le soleil. Le département de l'Allier n'est en somme pas très florissant. Par bonheur, Vichy explose cette ambiance tristounette, mais la présence de tous ces curistes associés à leurs maux tarit mon enthousiasme à ses sources. A la supérette de Randan (village totalement inconnu), je suis hélé par une amie Belfortaine en vadrouille. Vraiment étroit ce monde et pas facile de couper le cordon dans ces conditions ...

Vendredi 14 août
Quel calme à Randan ! Bien failli ne jamais me réveiller, 11h de sommeil ! Départ princier à 10h, mon record. Rapidement le Puy de Dome se dresse à l'horizon. Détour par Aulnat pour ressusciter quelques souvenirs d'enfance. Clermont-Ferrand et sa cathédrale en lave se gagnent dans la douleur. Après avoir exploré la capitale d'Auvergne, il me faut jouer avec l'autoroute qui m'accompagne sans que j'y touche. L'exercice est éprouvant mais l'air de la liberté m'exalte rendant les contraintes insignifiantes.

Samedi 15 août
La nuit à Vic fût sans histoire. Le four Auvergnat tourne à plein régime, va falloir faire quelque chose. Au loin comme au près, les puits semés au gré des vents rendent le plaisir des yeux intense, l'usure du capitaine visible et Yaka heureux. Une journée entière de cache-cache avec l'autoroute. Après le puy de Dome, voici la Haute Loire puis le Cantal. Très sollicité par le Bougnat, je suis invité en fin de journée par Xavier, mais une usure excessive m'oblige à refuser ce rdv. Éreinté, je m'abandonne à l'orée d'un sous bois accueillant et à la fraicheur d'une pénombre immédiate.

Dimanche 16 août

En guise de petit déjeuner, le col de la Fageole 1117m. Cet exercice matinal sera la mise en bouche d'une journée aux descentes vertigineuses mais aux montées sans qualificatifs !!! La route des Monts du Cantal est à éviter à vélo, du moins en randonnée. Après St Flour sa ville basse et sa ville haute et même très haute, arrêt à Chaudes-Aigues et sa source à 82° ! Un photographe m'invite à partager un instant de vie au café... Assoiffé, j'accepte, après avoir couru l'eau toute la journée, la voici qui vient à moi ... et en bouteille. Je clos en Aveyron sur les plateaux de l'Aubrac souvenir de Compostelle.

article 2 posté d'Ax-les-Thermes (france)

Lundi 17 août

Contre toute attente, la route se domestique pour atteindre Laguiole d'où j'ai expédié mes dernières nouvelles. Ville connue pour son couteau dont elle n'a pas su conserver l'exclusivité, elle est très fière de son fromage d'Aubrac. Descente longue et lascive pour atteindre la vallée du Lot, à Espalion où je croise mon pèlerinage à Compostelle. Afin de fêter l'événement, je m'accorde une longue pause souvenir. La sortie du rêve est assez singulière, le réveil brutal, une rude escalade me propulse sur les Causses, pas très esthétiques mais roulantes. Rodez est alors à ma portée, ma déception à la hauteur des efforts prodigués pour atteindre la belle... enfin imaginée comme telle. Réputée comme commerçante donc riche, ses appâts me laissent indifférents. J'oublie cette déception dans le sommeil.

Mardi 18 août
Je longe l'Aveyron sur 2km avant de reprendre l'altitude perdue. Rodez sombre rapidement. Voies rapides et chaleur extrême m'exténuent. Suées après suées les km s'évaporent. Soumis à un tel régime, je crains fort d'avoir perdu quelques livres onéreusement acquises cet hiver. Au pont du Tanus, le département du Tarn m'accueille. Malgré la raideur des pentes, j'ai l'impression qu'elles perdent de la vigueur. Passage par Carmaux dont l'insignifiance me navre. Pour tout effacer, voici Albi sur les bords du Tarn. Remarquable ! Le tourisme s'en ressent et moi j'y dors. 50° sont affichés au compteur !

Mercredi 19 août
Départ matinal, la canicule me rattrape prestement. Une agréable piste en terre sur l'ancienne voie ferrée me conduit à Castres charmante petite bourgade mais terriblement ardente. On m'annonce 40° mais sur le bitume, les yeux brûlent, les oreilles bourdonnent, l'eau ne parvient pas à calmer la soif. Fuyant le supplice sur une route montante, le vent assassin me cueille au sommet. Dans les bouteilles l'eau chaude est  infecte. Je me réfugie au camping de Mazamet, plus sec que vivant.

Jeudi 20 août
Remis sur selle par un repos mérité, les premières pentes surgissent ... immédiatement. Tout de suite la température monte... bien plus vite que moi, je l'avoue. Me voici dans la Montagne Noire, source d'insomnie. En fait, sans cette chaleur ce ne serait pas terrible mais là ... Au col, il me reste un litre d'eau ; va falloir l'économiser. Pour étancher la soif, arrêt dans un vignoble aux raisins délicieux. Je roule depuis l'aube avec 6 Espagnols qui terminent un Dunkerque-Barcelone exaltant. Nous nous séparons à Carcassonne. La ville me déçoit quelque peu, trop carte postale, trop touristique, trop chaude, elle m'offre cependant une hot-spot qui me permet de me connecter depuis la rue. En espérant que le froid arrive vite ...

Vendredi 21 août
Hier j'ai passé sans douleur le cap des 1000km. Dans l'Aude, tout va pour le mieux sous les nuages et dans la moiteur de la mi-août. Dans les vignes, les bulles gonflent lentement alors que Limoux et sa blanquette patientent. La bourgade est ramassée, son périmètre cerné : l'Aude, l'église et la place du marché. Sur des km, l'Aude que je remonte, me tient compagnie. A Quillan, le charme des pierres me retient pour la nuit. Calme et authenticité des lieux me poussent à m'abandonner à ce bonheur tout simple. Ce n'est pas le Pays Cathare qui me retiendra.

Samedi 22 août
Le ciel a repris son azur après une journée de mauvaise tête. La route des cols m'attends, rapidement Quillan s'enfonce dans la verdure. Petite étape de 55km mais avec 4 cols, le dernier, la Chioulat à plus de 1400m me donne accès à Ax-les-Thermes, d'où j'écris depuis un hotspot enfin depuis la terrasse d'un café sur la place et ainsi de profiter du bruit, du monde et CO2l. Le bonheur est grand. Sans autre solution, je m'élance sur les flans de Puymorens et grimpe jusqu'à Marens pour dormir dans les Pyrénées.

Dimanche 23 août
Journée Haute Montagne, les jambes me démangent. Sur la première partie de l'ascension, je retrouve l'itinéraire du Tour de France 2005. Le manque de nouveauté pèse, mais en ce dimanche l'absence de camions rend la N20 presque agréable malgré une grosse circulation touristique. Je bifurque sur le Pas de la Casa aux boutiques bondées. L'Andorre marchande n'est pas à mon goût, je me réfugie dans la pente qui me propulse au Port d'Envalira (2408m).  L'endroit est majestueux, à la hauteur des efforts consentis. Descente très sévère, quelques pauses sont nécessaires pour refroidir des jantes trop chaudes. Le pays serpente sous mes roues, ma déception s'accentue, le conte se mue en torchon, la frénésie des achats gadgets m'afflige, l'architecture s'enlaidit, je pédale de plus belle, enfin la frontière se présente. Je dors au bord d'un torrent mais ... en Espagne.

article 3 posté de Alcala (Espagne)

Lundi 24 août
Seul mon T-shirt requiert un lavage que je reporte après une nuit frisquette. Patience. La fadeur ambiante m'endort, la descente n'en finit pas, le déjeuner s'impose à Seu, les Pyrénées s'étirent, les kilomètres s'empilent avec facilité, la chaleur brûle les yeux et enfin de belles perspectives sur les lacs artificiels de Panta, Olian et Rialb. Dans une Catalogne qui s'assagit, les magasins ferment entre 14 et 17h, je supprime le repas de midi. Soirée à Artesa. Le repas c'est bon, l'eau c'est juste, le camping sauvage c'est difficile ... la végétation se raréfie. Au loin le ciel noircit, mon lit reste à faire, Nath la grenouille sourit.

Mardi 25 août
De beaux paysages épurés bercent et ravivent mes souvenirs, revoici l'Espagne que j'aime. A l'approche de Lleida la route perd tout attrait. Un cybercafé ouvert, un patron désagréable, Nath fait la tête et moi du clavier. Au dehors les apparences sont trompeuses, la cathédrale dominante, le centre tout en longueur, la vie absente ... il est 14h05, l' Espagnol est précis. L'importance de la colonie africaine dans cette région m' interroge puis s'explique ... de la main d' oeuvre pour les récoltes manuelles. A 20km de Braga, le casse-tête auto-routier me retarde et m'en interdit l'accès ce soir. Au dodo, mon humeur a besoin de repos.

Mercredi 26 août
Immergé dans les cultures fruitières, je réapparais enfin à Braga après un beau détour. J'assiste impuissant à l' exode de la vieille ville vers la ville nouvelle. Il faut dire que la partie antique est particulièrement abrupte et ses rues étroites. La chaleur est désagréablement collante. En sortie de ville, rude ascension pour atteindre le plateau où je retrouve enfin cette Espagne magique, ces espaces arides sur lesquels rien ne retient le regard. La suite sera moins réjouissante et la circulation féroce. A Osera, je me pose pour la soirée. Le wifi de la mairie est accessible du trottoir, formidable progrès technique. Il est 20h.

Jeudi 27 août
M' étant installé dans un champ fraîchement coupé, je suis réveillé à 3h par un tracteur ... dans MON pré. Drôles d'horaires le paysan espagnol et belle adrénaline le paysan franc-comtois. Derrière un ciel bien encombré se cache un soleil venimeux . A 10h, Zaragoza m'ouvre son coeur alors que son accès cousu d' autoroutes m'a rendu bourru. La 4° ville du pays par la population est une succession, un enchevêtrement d'édifices et de monuments historiques mariés à des éléments contemporains rehaussé ici et là par des oeuvres de Goya. Cuit à point, je rejoins le camping afin de prendre la fin de journée en repos compensateur. Zaragoza hante mes rêves !

Vendredi 28 août
Gros vent nocturne sur Zaragoza. Endiablé, il ne faiblira pas de toute la journée sans pour autant m' être toujours favorable ! Un avantage cependant, ce courant d'air me permet de supporter une chaleur qui chaque jour prend du poids. Des pelles de paysages tels que je les aime. En contre-partie je me suis offert 4 cols associés à une Autovia interdite aux cycles, ensemble qui m'a usé jusqu'à la corde. En fin de séance, je visite Catalayud, charmante bourgade pleine de vie dont la coupole de l'une des églises fut l' oeuvre de Goya. Je dois avouer que la peinture est exceptionnelle. Etant passé à proximité de sa maison natale, j'ai voulu voir les travaux de cet artiste local sans pour autant être inconnu ! Pendant ce temps, dans ma tête, sous la poussée de l' effort et la pression de la selle ... mon itinéraire se dénude.

Samedi 29 août
Sous les pins le confort est grand, mais au petit jour, les clartés restent froides. L'ancienne N11 me régale jusqu'à 13h. C'est alors que l'autoroute me happe. Point commun avec la Grèce, mais ici il est établi que le vélo y est accepté. Depuis les aurores, la route s'élève en pente douce mais en fin de parcours, elle retrouve des accents vindicatifs et me procure quelques fatigues avec 3 cols consécutifs à 1200m. D' immenses panoramas tels que je les aime, me récompensent des durs efforts consentis ... je n' imaginais pas la Péninsule ibérique si revêche et mon envie de découverte si impétueuse. Je dors à 130km de Madrid et à 1200m... d'altitude. (Si j'avais mangé tous les garennes rencontrés, j'aurais une belle indigestion de civet).

Dimanche 30 août
Hier soir, repéré par les jeunes d'Alcoléa, j'ai craint très fort pour ma sécurité. En fait, il n'en fût rien et ce choix fut un succès. Journée d'une grande fadeur sur les hauteurs (entre 1100 et 1000m). Pas de coup de coeur mais combien de coups de pédale ? Plongeon dans les plaines étouffantes et les villes fours. 43° à 18h à Alcala, pleine de charme et de tranquillité sous ses arcades sans fin. Pas un nuage dans le ciel. A chaque arrêt un hidalgo me hèle pour bavarder mais c'est Madrid que j'entends car demain ... j'en sens le souffle.

article 4 posté de guardia (Portugal)

Lundi 31 août
A 9h, j'entre dans l' arène routière. C'est chaud immédiatement et ça le restera jusqu'au bout. Les bretelles sont une angoisse, je me sers de l'aspiration des véhicules pour atteindre parfois 45km/h, la peur n'est pas étrangère à ces excès. Entrée boulet dans la ville, je cherche le centre, puis un bureau d'information ... beaucoup de chance, une guide m'y entraine. L'albergue du centre n'est pas loin, la chance toujours... Je visite la ville à vélo dans la fournaise. En soirée, après tant de courses, mon domaine m'appartiens. Enthousiasmé par la capitale je me fais porter pâle demain afin de ne rien laisser étranger à ma soif de conquêtes. Nuit dans une étuve à laquelle je préfère ma tente !

Mardi 1er septembre
Journée farniente que je souhaite mettre à profit pour traiter des soucis logistiques et parfaire ma connaissance de Madrid. Demain va être difficile, va falloir s'extraire de ce réseau autoroutier. Aujourd'hui que du bonheur. Je dois également avouer que la conduite automobile espagnole est exemplaire, probablement la plus soft jamais rencontrée... une véritable bonne surprise. Bon ok, mais faudrait pas que l'Espagnol me devienne trop sympathique !

Mercredi 2 septembre
Nuit agitée, cette chambre occupée par moi seul est prise d'assaut à 22h30 par 5 nouveaux occupants. Pas de chance et quel remue-ménage ! Au petit jour, la sortie de Madrid est toute en douceur (sauf Nath qui grogne toujours et encore) jusqu'à ce que je pédale sur l'autoroute. Demi-tour sur la bande d'urgence, que du plaisir ! Signalisation défaillante, les voies du ciel sauront me guider... détour par le Monastère El Escurial. Superbe et imposante construction, je m'approche de Dieu vu l'altitude ! Croyant (eh oui) avoir fait le plus dur, j'avale un 1° col, puis un second ... au 4°, je demande pitié et fais pénitence à Las Navas, petite ville de montagne. Le fond de l'air est frais à 20h30. Rude journée mais avec ce terrible vent debout, j'ai ouvert le livre des 2000 km.

Jeudi 3 septembre
Réveil dans les nuages, le crachin n'est pas agréable. Le vent toujours tirant ne parvient pas à jeter l'humidité de l'autre côté des monts. La montagne ne cesse de bomber le dos et moi de souffrir sur les bosses. A fond, 10 de moyenne sur 2h, pourrai pas tenir longtemps comme cela ! Passage au Valdelavia 1450m, le point culminant de cette chaîne, Avila m'attend un peu plus bas. Quelle récompense ! Fortifications étonnantes, énorme cathédrale dressée dans l'enceinte, je retrouve l'ivresse de mes jeux d'enfance. Ce bon point m'est accordé par surprise, je continue tout guilleret. L'autovia me tend ses bras, je m'y jette. La police m'interpelle ... INTERDIT ! Le rejet est brutal, l'amende évitée. Que de km dans l'illégalité ! Dodo à Panarenda, pas un arbre, pas un buisson... le bivouac coton.

Vendredi 4 septembre
J'aime ces territoires plats à l'infini, là où rien ne retient le regard et où pour dormir il faut ramer ! Ce matin, j'empile les km jusqu'à Salamanca aux verticalités oppressantes. J'enfonce les portes que le vent referme. Que de touristes, d'étudiants... La ville est un trésor de pierres, d'histoire et de monuments. La Plaza Mayor est splendide, forte en symboles. Mon circuit est copié sur celui des agences spécialisées ... et pourtant Salamanca est à voir et à entendre ... le français est courant. Je clos la visite et attends du destin qu'il me guide. Alors que le soir tombe, les propriétés cadenassées ne favorisent pas l'installation de mon nid.

Samedi 5 Septembre
Plus les jours sont chauds, plus les nuits sont fraîches ... Ce matin j'ai utilisé ma veste de montagne jusqu'à 10h. Vent dans le dos, paysages quelconques, Ciudad Rodrigo pourtant distante d'une cinquantaine de kilomètres est rapidement sous mes roues. Cité pleine d'intérêt, je lui trouve une ressemblance avec Salamanca (en plus modeste). Je quitte cet agréable eldorado lorsque le soleil soit au zénit. Celui-ci alors m'assassine sous un traître vent qui tourne et retourne sa veste. De nouvelles bosses toutes neuves me font face. Au sommet de l'une d'elles, ... le Portugal ! Changement de paysage, le dénivelé s'accentue. De nouvelles habitudes apparaissent, le français se généralise, le camping se pratique sur les bords du Rio Coa ... vous avez dit  QUO-AH ?

Dimanche 6 Septembre
C'est dimanche jour de repos, donc peu de kilomètres sous une avalanche de dénivelés. Je n'imaginais pas un Portugal si revêche. Sur ce massif, le granit affleure de partout avec parfois d'étranges compositions. Cette présence explique probablement celle des rues pavées des hameaux, villes et villages que yaka et peau de chamois n'apprécient guère. Le centre historique de Guardia haut-perché, retient mon attention et ma course dans cette journée montagneuse. Le pin et le genêt renaissent... l'Atlantique s'approche. La sécheresse m'inquiète, les feux par leur nombre m'alertent, par précaution, je loge sur une place villageoise.

article 5 posté d'Obidos (portugal)

Lundi 7 Septembre
La raideur des pentes persiste mais la verdure apparaît, preuve que l'océan s'approche. Douceurs locales pour mon déjeuner à Fornos de Algodres accroché au coteau et à sa ruralité accueillante malgré l'absence de ... Wifi !!! Environnement nouveau, je m'adapte aux réalités du luxe d'un passé suranné et recherché. Ardeur retrouvée, la montagne me parait moins cassante, moins violente. Le raisin noir que je maraude au gré de mes envies est d'une douceur exquise, d'un mielleux redoutable ! Depuis mon entrée dans ce pays je gravis sans relâche des chaînes. Si celles-ci ne sont pas des monstres d'altitude, la cadence  entre chacune, use un organisme pourtant rôdé. Pour preuve, chaque jour mon kilométrage décroît sans que l'énergie ne croisse. A 19h, voici Viseu. Sa taille estimée engendre une terrible poussée d'adrénaline. Je parviens à contourner la ville après quelques sueurs, beaucoup de chance et une bonne boussole ... (Y en a-t-il de mauvaise ?). A 20h30 je suis sorti de ce mauvais pas. Le bonheur est parfois tout simple...

Mardi 8 Septembre
Le relief est incroyablement infernal. Plus de 4h pour atteindre Castro Daire pourtant distant de moins de 40km. Peu d'intérêt pour ce gros bourg montagnard. Je coupe à travers les massifs pour rejoindre Cinfae. J'en ai marre de ces bosses qui m'usent les genoux. Voici une belle ascension donnée à 1200m par mon altimètre. Les feux de la face Est m' inquiètent mais le col me dévoile un versant en feu. Pompiers, hélicos et avions sont impuissants devant les flammes attisées par un vent puissant. Installé aux premières loges, je constate l'inutilité de la lutte et la bonne conscience qu'elle donne. Côté spectacle, la chorégraphie est imposante, spectaculaire ... la fascination guette. Tout au fond de la vallée, je perçois le Douro à travers une fumée épaisse et acre ... Pas facile ni engageant dans ces conditions de planter sa tente dans les fourrés ! Un terrain municipal fera mon affaire, je serai peut-être dérangé mais pas rôti !

Mercredi 9 Septembre
Réveillé soit mais vivant. Quelques suées plus tard, le genou droit me rappelle qu'il existe. Les berges du Douro me câlinent jusqu'à Porto. L'entrée est un enfer, un chemin de croix sur lequel je pousse Yaka. Sur les hauteurs la curiosité me gagne, le charme me séduit ... j'y dors. Ville au passé très présent, aux rues pleines de vie, aux pierres chargées d'histoire, aux places aérées et fiévreuses, au patrimoine culturel énorme, aux échoppes et immeubles patinés par les ans. A vélo, pavés et pentes rendent la promenade impensable. Vu de la cathédrale, tous ces dômes animés sont autant de secrets. A vérifier demain.

Jeudi 10 Septembre
En plein centre, l'hôtel est une excellente affaire tout comme ma journée farniente. Voici pile un mois que je pédale. Incroyable plaque touristique, les rues explosent de chalands mais toute cette promiscuité ne me dérange pas. Formidable mélange de cultures, le port n'étant pas étranger à tout ce brassage et à la présence de prostituées. A mon grand étonnement, Porto colle au Douro, pas à l'océan. Le long des quais fleurissent les comptoirs de ce fameux nectar local. Côté concitoyens, ceux que j'ai rencontré ne nous rehaussent pas, serait-ce dû à notre passé colonial ? La journée s'achève dans la liesse. Ainsi, la commande de Porto se fera groupée et la nocturne dans les ruelles se fera seul.

Vendredi 11 septembre
Les chais parfument mes adieux. Alors que le soleil embrase Porto, les brumes m' enveloppent à l' estuaire du Douro. Voici enfin l'Océan Atlantique drapé dans un voile fin et soyeux que le soleil ne parvient pas à percer. Mon enthousiasme initial est douché par le béton couvrant la côte. Aussi laides qu'ailleurs ces cités nouvelles ôtent à ma matinée le plaisir. Le littoral dentelé stoppe ma déprime, ponts et bacs apportant langueur et sérénité à un ordinaire chamboulé. Comme les jambes, l'heure tourne, les dunes s'avancent et oh surprise, un couple d' Anglais à vélo est déjà installé. Belle soirée avec 2 amis, le roulement des vagues et des rideaux de brumes poussés par un vent complaisant ... un décor de film.

Samedi 12 septembre
Nos vitesses nous séparent, au revoir Pamela et Keith. Le brouillard perd son opacité et le rêve sa féérie. Caché derrière une dune sans fin, l'Océan gronde en roulant ses eaux. Se restaurer n'est pas aisé mais après mon déjeuner malin, je m'engage sur une piste défoncée dans une forêt immense. Après 3h de rodéo, le sous-bois s'anime, de joyeuses bûcheronnes en bas résille et hauts talons me hèlent. Sympathiques et souriantes ces créatures me troublent ... quel accueil ! Depuis Porto faut dire que la vertu me poursuit. Bref, tout cela pour confirmer qu'il n'y a pas que le loup dans la forêt ... et que moi souvent j'y dors ! De retour sur le macadam, je m'immisce dans un peloton de portugais avec lequel je passe l'après-midi. Je les abandonne pour Figuera da Foz au nom si doux, au cœur si anodin.

Dimanche 13 septembre
Durant la nuit, Nath se déchaîne pour quelques gouttes de pluie ... Après les routes défoncées d'hier, macadam grand luxe aujourd'hui avec en sus, piste cyclable, probablement parce que nous sommes dimanche ! Sur une côte principalement balnéaire aux plages de sable fin, Nazaré et ses falaises mérite une pause. En fin de journée, la médiévale cité d'Obidos chargée d' histoire... et de Français m'émerveille. Château, chapelle, fortifications et ruelles bondées me retiennent jusqu'à la tombée du jour. Un bien bel arrêt ! Dans la pénombre, un problème technique sur la tente me donne un maximum d'angoisse.

article 6 posté de Faro (Portugal)

Lundi 14 septembre
La route pour Lisboa se teinte d' anxiété avec la multiplication des voies non autorisées aux cycles. Je parviens cependant au centre de la capitale par des routes torturées aux pourcentages bestiaux. L' office du Tourisme est d'une affligeante nullité, une agence de location pas de renseignement. Sur le plan, le camping est proche mais en réalité son accès à vélo est aléatoire du fait d'un maillage complexe d'un grand nombre de voies rapides. Coincé sur l'autoroute, un bus me charge, une chaîne de solidarité s'établit entre chauffeurs pour finalement me déposer après 2h de transport à l'adresse recherchée.  Cette étreinte prolongée a durement éprouvé mon énergie, va falloir retaper la bête sur le plan mental tant que physique.

Mardi 15 septembre
C'est décidé, je stationne ici 1 ou 2 jours selon le besoin avec des déplacements sans Yaka. Je dois apprendre cet imbroglio pour ne pas me fourvoyer une seconde fois. Les transports en commun sont pratiques mais longs. Bordée par le Tage lui aussi énorme à cet endroit. la ville est un immense espace de découverte qui mêle selon les quartiers, l'émotion de la patine populaire portugaise et la propreté standard du modèle Européen. A de grands coups de cœur succèdent des instants de résignation.

Mercredi 16 septembre
Après le centre hier, Belem et le Rio Tago aujourd'hui. Mon opinion se construit, Lisbonne est une vaste usine qui manie le monumental avec plus ou moins de bonheur. c'est sur que globalement le package impressionne mais les espaces de rêve et de convivialité ne sont pas nombreux. Je ne retrouve pas la chaleur de Porto mais avec plus de 80 km de marche dans les rues, le plan de celles-ci est gravé dans la plante de mes pieds. Demain le vérifiera, je m'attaque à la pieuvre au guidon de Yaka.

Jeudi 17 septembre
Matinal, je plonge sur Belem à vélo, longe le fleuve encore endormi et pénètre à l'embarcadère, objectif atteint sans problème. Je contemple à loisir le gigantisme du Tage à celui de Lisbonne. La traversée est si longue que la capitale disparait à jamais de mon horizon laissant place à un futur excitant. Signalisation défaillante, je quémande ma direction à chaque carrefour. Le haut lieu de la journée tant par sa géographie que par ses images, sera Palmela, son château et son panoramique. Joyeuse coïncidence à Setubal où je retrouve 2 couples français à vélo. Je les quitte pour le ferry qui me dépose sur la presqu'île sauvage d'en face. Loin du monde, je baigne dans une solitude reposante. Je partage ma selle avec les dunes, le sable, les pins et le soleil. Bien que tout proche, l'océan joue à cache-cache avec ma caméra. Je clos ce jeudi dans un calme oubli.

Vendredi 18 septembre
Ciel chaotique, Nath ne bronche pas, mauvais augure pour la pluie. Journée plein Sud balisée par Odemira... sans intérêt. Terrain très très vallonné avec de fortes ascensions heureusement brèves mais suffisantes pour faire râler mon genoux. Rivage décevant, l'océan s'emploie à rester invisible. L'ampleur de mon projet n'étant pas compatible avec ce travail de fourmis, je laisse à d'autres cette exploration littorale que j'imagine être un paradis pour vacanciers. J'en rencontre plusieurs à vélo, excellente solution. Spécificité locale, j'aime les maisons blanches aux encadrements bleus. Mon intérêt décroit dans une Europe qui ronronne, il est temps qu'elle se termine. Bosses et pavés, j'en ai, je vous le confesse... assez ! Si la curiosité s'installe, mon kilométrage étonne et mon but interpelle.

Samedi 19 septembre
Un écart pour m'éblouir à la Praia de Odeceixe. Quel spectacle ! A quelques mètres, une plage légale pour naturiste... je n'y crois pas... au Portugal ! Je batifole longuement sur des sentiers sauvages avant un retour sur route. Astrid, hollandaise habitant ici est une acharnée de la bicyclette, elle sera également le soleil de ma matinée. Regonflé à bloc, je passe sans douleur l'importante bosse qui bouchait mes perspectives et déboule alors sur Lagos, station balnéaire située sur la façade Sud du Portugal. Un tour au pub pour le WIFI, je m'extrais péniblement de la foule en ce Samedi et fuis au plus vite toute cette promiscuité éreintante et bruyante. Je note alors que le terrain n'est pas propice au camping !

Dimanche 20 Septembre

Couchage particulièrement spartiate, la liberté du bivouac est détériorée par son inconfort et de ce point de vue, l'avenir s'assombrit. Comme pressenti, quel contraste entre la nature parfumée aux figues matures du littoral Ouest et le béton badigeonné aux essences marchandes de la façade Sud. Cette côte est entièrement vouée au tourisme des plages, avec ses excès, ses splendeurs et surtout cette couche de normalisation Européenne qui enlève originalité et diversité, là où elle s'applique. Seules les langues survivent encore et donnent aux lieux un accent local. D'une journée déprimante je retiens Faro la superbe qui cautérise mes bleus à l'âme.

article 7 posté de Tetouan (maroc)

Lundi 21 septembre
Cette nuit le matelas super, le voisin insupportable, il m'a aboyé plus de 2h. Sur la route, je goutte au raisin ... juteux, aux figues ... fondantes, aux oranges ... mielleuses. Gavé, l'ennui me guette, la selle me tient éveillé. Petite diversion par Tavira et incroyable chance, j'y perçois l'âme du pays dans les pierres et le Fado chanté par un guitariste sur son pont. Encore quelques km et le bac m'enlève à ce pays. Retour sur les terres d'Espagne. En délicatesse avec mon genou droit, une pause s'impose. Ce sera à proximité d'Huelva. Il faut absolument que je prenne du repos ... farniente !

Mardi 22 septembre
Hier mon voisin fut un chien et cette nuit ... un tracteur. Travailler de 2 à 6, quelle idée ? Installé en lisière d'une pinède, le réveil brutal m'a fait craindre un feu. Rassuré, je ne suis pas parvenu à me rendormir avec ce sulfureux vacarme. Bloqué par l'autoroute j'ai traversé les marécages par une sente de toute beauté. Huelva permet les nourritures du corps, pas celles de l'esprit. Pour éviter l'autoroute, l'extraction n'est pas simple. Je fais route avec Diana et Babis, couple grec. Vent virulent et contraire sous un soleil sec comme une pierre. Je laisse filer mes amis pour cause de douleur top intense. Demain sera fête... ou tombeau !

Mercredi 23 septembre
Le bruit du trafic a accompagné mes rêves. La périphérie de Sévilla me demande un plein d'énergie pour cause d'autoroute ... incontournable. Chercher un hôtel, louer une chambre , prendre un bain, faire une lessive ... de noir je passe à crème ... un mieux, le rose bébé n'est plus très loin. Dans des rues éclaboussées de soleil au parfum de corrida, le repos n'est pas envisageable, la fascination entretenue par la coloration des mélanges culturels. Haut lieu de la ville, le quartier juif est un chef d'œuvre qui m'enivre. Je tourne et retourne, le désir m'épuise. Olé !! dit-il en boitant.

 

Jeudi 24 septembre
Pas encore sorti de la ville que police et autoroutes me guettent et assombrissent un avenir incertain. De Séville à Utrera, le jeu de cache-cache se poursuit. Par 3 fois la police m'arrête, par 3 fois sans autre alternative elle me laisse repartir avec des conseils de prudence que je trouve particulièrement utiles, me conseille d'être prudent ! J'hésite à changer d'itinéraire mais Cadix... Je veux voir Cadix, allez savoir pourquoi. Les grands espaces me donnent de la vigueur mais au Pays du Flamenco, la rengaine routière m'insupporte, plus jamais une roue dans ce pays.

 

Vendredi 25 septembre
Durant la nuit un abcès dentaire se déclare. Au long des heures la douleur se développe. Bagages faits, les soucis s'empilent, les dents s'accrochent. Après 10 km, bing l'autoroute, le cauchemar reprend. Fort de mon expérience passée, je parviens à Jerez où l'on me confirme qu'il est impossible de rejoindre Cadiz à vélo. Face à tant de contraintes, la lutte est inégale, la coupe pleine. Je gagne Cadix par train. La réalité du lieu est à 1000 lieues de sa notoriété et moi au bord du renoncement. Mais qu'en attendais-je ? Une albergue bruyante m'héberge, l'Andalousie me prend la tête, la fuite du piège Cadix reste à élaborer, le genou grince, les dents geignent ... demain s'annonce tendu.

Samedi 26 septembre
A l'aube, les inondations menacent. Au bus, le chauffeur n'accepte pas Yaka. Seule solution, je prends un ticket pour Algeciras où je débarque sous des trombes d'eau. Nath est aux anges plus qu'au diable. Côté genou, ça ne va pas fort, côté dentaire, ça ne va pas du tout. La mort à l'âme je me résigne à mettre fin à cette aventure. Ticket de retour en main, le chauffeur du bus tout puissant refuse d'embarquer mon fidèle Yaka. Pourquoi alors m'avoir vendu ce billet ? Sans autre option. j'opère la gencive au couteau dans les toilettes de l'auto-gare. Ce geste désespéré permet à l'aventure de se poursuivre mais ... pour combien de temps ? J'échange alors le bus contre la bateau et  l'Europe contre l'Afrique que 12km séparent. Le détroit de Gibraltar est un symbolique. Je débarque à Tanger, le dépaysement est brutal, je n'en suis pas encore remis. Crocs silencieux, genou bruyant, je découvre un autre mode de vie, des habitudes différentes.

Dimanche 27 septembre
Journée maussade sur un paysage de montagne aride  et sec. Après les clichés jaunis de Tanger, les 400000 âmes de Tetouan. Je loge à 2 pas du Palais Royal et à 3 de l'énorme Médina grouillante qui m'impressionne puis m'engloutit, accompagné d'un faux guide aussi collant qu'un sparadrap. Massage chez l' herboriste, thé chez le vendeur de tapis, n'ayant rien sollicité je quitte tout ce beau monde sans bourse délier. A voir ... la tête des comploteurs et celle du tendre agneau. Escroqué à Algéciras, je compte bien ne pas renouveler l'expérience ... d'autres touristes sont disponibles ! Dans un enchevêtrement de passages et de ruelles, de faux-guides, d'artisans et de vendeurs, la puissance des images fascine, tout comme la vie et les convulsions humaines. La médina ... ébahi je vous dis !

article 8 posté de Rabat (capitale du maroc)

Lundi 28 Septembre
Sous le soleil levant la Casbah de Tetouan est un attirant symbole de ce pays. "Plein Sud", sur une route étroite, je suis parfois frôlé de fort près par des véhicules surchargés. Le rif est une montagne pelée aux oueds rageurs qu'une pluie récente a gonflés. La boue rouge des torrents maquille paysans et hameaux. Cette harmonie est poignante tout comme l'inertie des corps dans l'attente. Un col anonyme  donne le pass à Chefchaouen adossé à 2 pics (d'où son nom). Logé dans la Médina inaccessible à vélo, la ville bleue est un envoûtement où vendeurs de kif et écoliers en uniforme peaufinent le tableau. Mon enthousiasme est à son comble.

Mardi 29 Septembre
Le gardien dort dans l'entrée et la Médina dans un silence coupable. En ville, l'animation s'ébranle, je déjeune sur le trottoir. Le rif est montagneux, ses routes infatigables. A 13h, j'aborde Ouezzane. Seul touriste, je suis également la seule proie (courtisée à l'excès). Je découvre alors un Maroc authentique au peuple d'une humanité chaleureuse. Même sans Yaka, impossible de passer inaperçu mais quel accueil. Faute de travail, les amitiés se pressent, la pauvreté me gifle, le sommeil me retape.

Mercredi 30 Septembre
L'étape est longue, le départ matinal, les échoppes fermées et pourtant je revois la lenteur séculaire des gestes. Le pays se paupérise, de ce Rif surpeuplé affluent de partout des ânes bâtés, des femmes chargées, des taxis en surcharge, des bus bondés, des tracteurs attelés couverts de passagers. La raison m'apparaît, arrêt au souk d' Ain-Defali. 9h, au sommet d'une côte, 2 individus surgissent, armés de couteaux. Quelques minutes de bagarre, ils fuient avec 2 sacoches dont celle des papiers. Je les poursuis à travers champs mais les perds au hameau. Dégoutté, le voyage est terminé. Sur le retour je récupère une de mes valises et suis hélé par la police déjà sur les lieux ! De retour sur la route, Yaka est gardé par un gendarme ... Incompréhensible, la sacoche manquante est fixée au guidon !! Manque les liquidités. Une longue attente commence sur le bord de la route où un repas m'est servi, puis dans les locaux de la gendarmerie de Jorf-el-Melha pour y déposer ma plainte (obligatoire). A 17h je suis transporté à Volubilis pour y dormir sans danger.

Jeudi 1 octobre
Si la nuit porte conseil, la journée apporte fatigue. Je délaisse Yaka pour la marche. Visite de Volubilis, plus grand site romain du Maroc aux mosaïques troublantes. Après midi consacré à Moulay-Idriss, (fondateur de Fès), LA ville sainte du pays souvent nommée La-Mecque du pauvre. Au contact d'une population amicale et curieuse, mon amertume se dissipe, ma déception se craquelle. Dans les chants de la fête annuelle, je décide de poursuivre l'aventure. La tête est soignée.

Vendredi 2 octobre
Départ matinal car mendicité et notoriété me dérangent. Sans explication rationnelle sur le retour miraculeux de ma sacoche, je me concentre sur le pédalage ... Etape brève mais dense, les pentes étant d'une raideur que mon genou redoute. Meknès, ville impériale guidé par un cycliste marocain, je m' installe aux portes de la Médina, mon lieu de prédilection. Passionné par une ville majeure de ce royaume, les révélations se superposent. Trésor de rêve et d'histoire, je claudique dans une Médina aux échoppes closes le Vendredi. A la tombée de la nuit, les rues de la ville comme par enchantement explosent de vie et d'animation. Extraordinaire !

Samedi 3 octobre
Deux repas hier m'ont retapé. 70 km montagneux aujourd'hui m'ont redonné le goût de l'effort. A khémisset, le motel est charmant mais à utiliser avec précaution : volets out, fenêtre idem, porte branlante, ressorts en fête, lavabo cassé, robinet aussi ... ce qui donne un aspect désuet à mon nid. Dehors la ville est d'importance contrairement à son intérêt. Pleureurs et quêteurs agrippés à mes basques je regagne mon palace, persuadé qu'en cet instant, s'il le sait, le Roi m'envie.

Dimanche 4 octobre
Je quitte Khémisset sans trop de regrets. Une douleur rénale tenace me contrarie, la cause en est le matelas qui a imprimé son empreinte, plus de peur que de mal donc. En pays Zemmour, un cycliste me vole mon bâton de marche alors que je roule. Drôle de pays, le calumet de la paix n'est pas encore allumé. Rabat, ville impériale mais également capitale. La circulation crée des embouteillages, phénomène rare dans ce pays. Je prends une chambre proche de la vieille-ville car je suis ici pour 2 à 3 jours afin d'obtenir mon visa, jours de garnison à partager avec une armée de cafards. En fin de journée, je me fonds dans le souk et la partie non commerçante de la Médina, véritable Cour des Miracles

article 9 posté d'ounara (maroc)

Lundi 5 et mardi 6 octobre
Le Souk est très touristique, les mutilés s'exposent pour en tirer maigre bénéfice mais la Casbah éclatante écrase tout le reste. Dominant l'estuaire du Bouregreg, la Casbah des Oudaïas est un site superbe aux ruelles colorées. Cette citadelle étant très touristique mon plaisir est un peu émoussé. Au Palais royal, l'entrée est interdite aux manants de mon espèce. Au Parc, il faut laisser son passeport aux gardes, le mien est à l'ambassade de Mauritanie. A la tour Hassan, Yaka est interdit d'entrée et doit-être stationné à 50 m de celle-ci. L'explication tarde. Dans les brumes, l'Océan est voilé comme tant de femmes dans ce pays. Si mon agression ne surprend ni l'ambassade ni le consulat, j'affirme que ces officines ne sont d'aucun secours pour le voyageur que je suis. La ville n'ayant plus de secret et le visa en poche, je peux prendre la poudre d'escampette.

Mercredi 7 octobre
A 7 heures, je me précipite sur l'océan. Le rivage est à l'image du Maroc, beau dans la globalité, sale dans le détail. Les plages dépotoirs n'incitent pas au bain. Un fort vent de 3/4 avant ralentit mon allure. A Casablanca où vivent 4 millions d' âmes, Je n'ose pas le pied dans les quartiers ghettos abrités derrière de hauts murs, alors ne parlons pas de photographies ! A l'hôtel je rencontre Laurent lui aussi Belfortain. Je chausse mes bottes de 7 lieues et hop, le Syndicat d' Initiative aussi triste qu'un mouroir, hop la mosquée Hassan 2 (la plus grande du Maghreb), hop le bord de mer et son port, hop l'ancienne médina débordante de vie. Une journée bien ordinaire !

Jeudi 8 octobre
Étape courte et peu motivante qui me dépose à Setta, ville importante par sa population, lénifiante par son contenu. Je reste dubitatif face à tous ces porteurs de vestes, de pulls en laine, d'anoraks et autres blousons fourrés alors que le thermomètre annonce à 11h ... 36° !! Dans les scènes quotidiennes la photo indispose, souvent même elle irrite et lorsque l'on m'interpelle c'est toujours "Combien y coûte ton vélo" et souvent "T'as quel âge", questions réductrices et peu incitatrices au dialogue. Après 8 semaines de voyage et 4000 km de route, yaka est au top, Nath souriante ... sacrée nana !!

Vendredi 9 octobre
Dès la tombée de la nuit, j'ai arpenté le dédale des allées du souk qui prend vie tardivement, afin de jouir de cette extraordinaire animation qui donne à la cité une coloration différente. Par 2 fois j'ai conversé avec grand bonheur sur le passé, le présent et le devenir du Maroc et de ses habitants. Levé à 5h, je crois mes économies volées, je réveille la maisonnée avant de me rendre compte de ma bévue. Faudra peut-être éviter les réveils trop matinaux ! Je roule à bonne allure et soudain, un panorama fabuleux m'apparaît, la matérialisation d'un imaginaire construit par mes lectures. Le voici ce pays que je cherche ! Des dunes rouges et ocres, un ciel azur, des djellabas multicolores qui hantent ces solitudes ... j'en oublie mes vicissitudes. Étape fort longue pour enfin atteindre la palmeraie  qui annonce Marrakech, ville impériale.

 

Samedi 10 octobre
Chambre sans fenêtre extérieure, ma journée de pause se vivra dans les rues. De jour comme de nuit la Place Jemaa-el-Fna est inondée de touristes principalement français. La Médina ouverte aux 2 roues est bruyante, dangereuse, en un mot infernale. Tout ici est à vendre sauf l'authenticité ... défunte. Le Maroc a disparu, reste des clichés. Mosquées, Palais et enceinte occupent mon après-midi. Usé par ma journée de marche, je réintègre l'usine à touristes et ses multiples spectacles dont les typiques charmeurs de serpents musicalement pénibles. Un seul véritable regret, malgré sa proximité, atmosphère et pollution me cache le Haut-Atlas.

 

Dimanche 11 octobre
Etape consistante ... en km du moins. Près de 200 bornes plein Ouest au côté d'un Atlas à peine visible. Dans ces contrées désertiques les points d'eau sont rares, l'électricité absente. Les 2 villages effleurés sont glauques, presque hostiles, la jeunesse désœuvrée et rebelle n'étant pas étrangère à cette sensation. Pour l'amélioration du contact... va falloir patienter et pourtant ... Confronté à la misère et au néant des espoirs, témoin du travail de titan à engager, tant d'inactivité me pèse. Camping pour nettoyer la tête et changer les idées.

article 10 posté d'Akfénir (Maroc)

Lundi 12 octobre
30km pour rejoindre Essaouira, ville étape et jour de repos au bord des eaux. Des embruns coriaces plongent plage, port et médina dans une ambiance ouatée. L'agitation du port orchestrée par les pêcheurs se marie agréablement à celle des rues et ruelles rythmée par des flots de touristes dont la présence rassurante annihile mes défenses animales. Aucune sensation de grouillement, de fourmillement même si la Casbah m'est vivement déconseillée dés la tombée du jour. Je n'en garde que quelques images furtives, un œil sur la pendule, l'autre vigilant.

Mardi 13 octobre
Départ 6h, grosse journée en perspective. Elle le sera bien davantage avec vent dans le groin et escalades en série (ultimes convulsions d'un Haut Atlas finissant). Je me plais à m'émerveiller de l'ocre rouge des terres, du bleu du ciel, du blanc élatant de l'écume des vagues qui bat inlassablement le sable gris. Je clos l'étape par 60 km de plages qui font le bonheur d'Agadir. Le séisme de 1960 a fait 15000 victimes. Totalement rasée puis ensuite reconstruite dans l'urgence, la ville est sans intérêt et ma nuit sans secousse. Ouf !!

Mercredi 14 octobre
Noyé par la brume Yaka m' emporte vers le 5000° km. Route d'un ennui exceptionnel, je n'en retient que la rencontre d'un couple hollandais en tandem. Tiznit me sort de ma torpeur. Je contourne ses longs murs d'enceinte pour pénétrer tel César, par la porte principale qui ouvre sur la grand'place spacieuse mais encombrée de véhicules. Après douche et lessive, je me lance à la conquête du trophée.  Cité réputée pour ses bijoux berbères, les artisans ont disparu, les bijouteries se sont multipliées !! Le souk est un trésor de vie où se tapit dans l'ombre, l'odeur des épices. Moins bucoliques sont les nombreux téléphones portables.

Jeudi 15 octobre
Vraiment top l'hôtel des touristes ! Je choisis l'itinéraire côtier par Aglou. Seul sur la plage, je n'en fais pas usage car lentement la brume envahit mon paysage. Des km de sable blond prennent l'eau sans qu'aucun humain n'en jouisse. A proximité de Mirleft les rochers affleurent, formant une dentelle. Il est trop tôt pour me poser et le village manque d'attrait. Bans de brume et soleil composent de mouvants tableaux surréalistes interrompus par une seconde crevaison. Mes pneus, des Conti, sont une première, ils ne feront pas de seconde. L'hôtel Belle-vue à Sidi-Ifni est magnifique. 8 Euros la chambre, à ce tarif, la poule aux œufs d'or va les pondre en bois ! Dès lors la chasse aux pneus est ouverte dans une cité aux accents espagnols et depuis peu marocaine (1969)

Vendredi 16 octobre
J' abandonne mon palace pour la selle de Yaka et la brume que semble apprécier Nath. Courte étape dans l'Anti-Atlas mais fort musclée. Les images collectées sont splendides dans ce four où je serai cuit pour midi. Guelmime est un ancien comptoir qui a conservé sa fonction relationnelle. En fait cette ville fût longtemps le terminal des caravanes qui sillonnaient le désert mais aujourd'hui les convois sont remplacés par des 4x4 et ce lieu a perdu son aura. Cette cité reste cependant la porte du désert marocain et de ce fait, un parc de tous les vieux Range Rover de la terre. Hommes comme femmes portent la djellaba et le voile couvre de nombreux visages.

Samedi 17 octobre
6h, je m' extrais discrètement de ma chambre-cellule (les conditions se dégradent).  70km de crachin me masquent le seuil du désert ... ma déception est perceptible. 70 autres km me procurent un nouveau désenchantement nommé Tan Tan, sorte de coquille vide et déprimante. Je pousse encore 20km pour dormir à El Ouassia. Ce final terriblement venté est redoutable, j'y laisse mes dernières forces. Un lit sera le bienvenu. Les pieds dans l'eau une usine crache d'énormes volutes de fumée odorante puis voici l'étonnante cité de Tan Tan-Plage qui devrait être une station balnéaire vu sa situation mais qui n'est qu'une ville dispersée posée au bord de l'Océan. Aucune mise en valeur, une plage couverte de détritus ... pas vraiment avenant tout cela et malgré je trouve du charme à ces lieux.

Dimanche 18 octobre
Voici 10 semaines que Yaka me supporte et presque autant que Nath fait sa mauvaise tête. La falaise rongée par l'océan fabrique de proéminents surplombs. En contre-bas, la côte inaccessible est totalement sauvage que seuls quelques pêcheurs arpentent. Leurs cabanons en toile ou en pierre au confort sommaire sont sidérants et parfaitement intégrés au paysage. En l'absence d'eau et d' électricité, l'ascétisme de ces hommes me bluffe. A ma gauche, le désert en plan fixe ne m'apporte guère de distractions. Depuis Tan Tan, la fréquence des contrôles de gendarmerie est démoniaque et probablement inutile. Après 100 km, refuge dans un riad à Akfénir, petit village de pêcheurs. La plage est encombrée de gravas et bien sûr ... de détritus.

article 11 posté de Dakhla (sahara occidental)

Lundi 19 Octobre
En pleine nuit, tentative d'insertion dans mon Riad, la porte verrouillée résiste, mon cœur ... également, mais quelle frayeur et je me demande encore qui était ces hommes, que faisaient-ils, que voulaient-ils. Au petit jour, encore ébranlé par l'événement, la route m'appartient totalement, ce qui n'est pas pour autant rassurant. Peu à peu le sable prend du volume et le spectacle du poids. Enthousiasmé par les dunes modelées par les vents, je note soudain la présence en toute liberté de 13 chameaux peu bavards. Je me délecte longuement de ce face à faces inopiné. Si le désert me lasse, la fulgurance de certaines images m'éblouit. Au loin, Tarfala, fiancée de St Exupéry, émerge des sables. Face aux Iles Canaries, cette escale de l' aéropostale sera également la mienne. L'ensablement de la ville m'impressionne plus que son pauvre musée dédié à nos pionniers aviateurs. La magie du lieu est intacte, l'humanité à la taille de son isolement, l' hébergement rustique.

Mardi 20 Octobre
Plaisir des yeux mais aussi du ventre, la confiture liquide turque est un délice. Sur une route calme, je me surprends à siffler ... audacieuse insouciance ! Je laisse le village-hameau de Tah pour le Sahara Occidental ancien Rio del Oro de l'ère coloniale. Sur plus de 100 km, soleil, vent et contrôles de police sont implacables. Rarement étape fut plus insipide. Laayoune ville de garnison nationale et internationale . La capitale du Sahara Occidental, aujourd'hui province du Maroc, est en pleine expansion. Sa démographie galopante est fiscalement encouragée par le protecteur Maroc. Demain je laisse Yaka au garage.

Mercredi 21 Octobre
Une journée de marche me permet d'appréhender la ville et de confirmer l'impression initiale : pas d'intérêt particulier. La rupture d'activité me revitalise, l'update logistique me libère des neurones. Ma seule inquiétude concerne le vent qui chaque jour prend prend des forces. Dans mes mains moites baigne St Christophe ... petit je suis, chaque jour me le rappelle.

Jeudi 22 octobre
Des fourmis dans les jambes, l' inactivité me démange. Sur les 30 premiers km, de jolies dunes voluptueuses me laissent espérer un désert moins soporifique ... il n'en sera rien, pierres et sable partageront mon univers 100km durant. Seul intermède à cette purge, le port de Laayoune où la gendarmerie garde port et passeport sans interdire la mendicité. Cet emploi jeune est véritablement étendu à tout le royaume et sa constance me pèse. A midi, " LA " Station Service de Lamsid est un bon compromis entre "un peu" et "rien". Rencontre de Bruno, français et cycliste randonneur avec qui je converse jusqu'à la nuit et l'ouverture de la salle de repos. Excellent plan et bonne tajine, faut dire que la faim s'est invitée à notre table.

Vendredi 23 Octobre
Nuit du tonnerre et à l'aube, Bruno remonte contre le vent et moi ... cool la vie. Le ciel est tout enrhumé de nuages mais au sol, soporifique ce désert ! La banlieue de Boujdour est effrayante, je parle du quartier extérieur entouré de hauts murs, et la plage peu rassurante (jeunesse pénible). La ville n'a rien d'une station balnéaire et surtout pas la sécurité tranquille. Pour le reste, des échoppes minuscules à faible rendement, des arrières salles bondées de joueurs de cartes, du foot en boucle à la télé suivi par des troupeaux entiers, du thé sur des terrasse emplies, des trottoirs encombrés de mille choses, en somme un quotidien bien pâle sur fond d'Océan bleu. Et vous ne me croirai pas mais j'adore ce lieu.

Samedi 24 octobre
Si la nuit fait la grasse matinée, moi pas ! Dès la sortie de Boujdour, force est d'admettre qu'Eole s'est pris les pieds dans le tapis et qu'il me fait face. Dépité, je révise mes objectifs kilométriques à la baisse. Œil noir, lutte féroce, le casse-croûte est expédié, faut dire que le soleil m' assomme. Dans ces conditions, ma 3° crevaison exaspère. J' intervertis les trains et monte un pneu " Made in China " à l'avant. Les rares automobilistes de passage me prennent en pitié. Le Sahara conserve sa solidarité et moi mon intégrité, la situation n'étant pas désespérée. Ben-Yaka retrouve sa vigueur ... le vent tourne. Après 180 km, contrat rempli, une tajine m'attend à la Station Service de Lakraa pour fêter la chute du 6000 ième km ... une faible lueur dans un environnement bien sombre, car ce lieu ne dispose ni d'eau, ni d'électricité mais pas sans rampant de tous poils. J'avale mon assiettée en espérant n'avoir oublié aucun vaccin. Je monte ma tente dans la nuit noire.

Dimanche 25 octobre
Lakra est ce qu'il y a de plus rudimentaire. Nous sommes une cinquantaine à camper sans compter les souris et autres bestioles. Après une toilette sans eau, je salue mes collègues. Le relief anime le désert, la police le contrôle, je bifurque sur la presqu'île de Dakhla. Spectacle grandiose, vent titanesque, la zone dépressionnaire est à couper le souffle. Je jette toute mes forces dans l'affrontement et après avoir douté, je passe. Une telle lutte laisse des traces, j' entre décomposé dans la cité vaincue. Après 2 journées bestiales, je prends mon jour de RTT à Dakhla .

Zamlat Amagraj (Sahara Occidental)
Zamlat Amagraj (Sahara Occidental)
Désert de l'Agargar (Sahara Occidental)
Désert de l'Agargar (Sahara Occidental)

article 12 posté de Nouakchott (mauritanie)

Lundi 26 octobre
Je retrouve non sans plaisir eau et électricité. A ma grande surprise vu la situation géographique et le nombre de pratiquants du skyte-Surfing, je suis le seul indien du plateau. Ville importante, sa notoriété lui suffit, elle conserve son cachet provincial et culturel qui en font son charme.

Logé dans le centre commercial, j'ai plaisir à me noyer (non à me fondre) dans l'atmosphère vivante est chaleureuse des rues, amusé par les groupes de femmes assises sur des nattes et buvant le thé dans toutes les boutiques. Journée consacrée à la maintenance, mes actions sont couronnées d'insuccès, le Sud implique de l'ingéniosité. Mes multiples démarches me rapprochent d'adultes réservés et cordiaux (adorables) et d'une jeunesse éprouvante. Petits taxis : 1 Euro suffit à me rendre livide.

Mardi 27 octobre
Le retour sur la péninsule est sans commune mesure avec l'aller, la dépression étant inactive. A El Argoub, seul hameau de la journée, je récupère un Anglais dans un bouge sombre de chez sombre devant une tajine. Il pédale vers le Cap pour assister à la Coupe du Monde. La fadeur du désert nous est indifférente, la Station Service Chacas perdue dans les sables est trop rapidement atteinte alors que le compteur marque 150 km. Ma tajine mijote, nos projets diffèrent, Daven continue. " Good luck " mon ami. Nuit dans la mosquée, expérience originale et unique (qui doit le rester). Nuit trop hachée pour être efficace.

Mercredi 28 octobre
Réveil glauque et poisseux, sans eau pour la toilette. Pour le déjeuner, feinté, la station est fermée. Les mains noire du cuisinier pompiste ont probablement ajouté du carburant au repas d'hier. Des rochers sculptés par les années agrémentent mon pauvre univers. Jamais 160 km ne m'ont paru si longs. Ne pas pouvoir me soustraire au soleil quelques minutes me rend fou, craindre les mines m'enseigne la prudence.  Des pancartes rouillées et illisibles rappellent que sur 350 km, le danger des mines est présent, résidu de la guerre entre le Maroc et le Front Polisario armé par l'Algérie. A la station de Barbas, unique oasis du jour, je renie la tajine pour un poulet qui me réconcilie avec l'existence.

Jeudi 29 octobre
La nuit dans la mosquée est effacée. Le désert rocailleux aux formes douces et arrondies est tentant mais je ne m'y aventure pas, les risques étant encore présents. J'aurais bonne mine de sauter ici ! Sans autre occupation que celle de pédaler, j'empile les kilomètres avec rage ou résignation, selon mon humeur. Soudain des murs, des formes, des voix ... c'est la frontière ! J'avale avec avidité une dernière tajine avant de me consacrer aux tracasseries administratives. Attroupements, animation, effervescence, que de monde, de files d'attente. Ma qualité de cycliste me favorise ... prioritaire avant fermeture des bureaux. 5 km de  no man's land impressionnant et impraticable. Zone de trafic en tous genres, je presse le pas peu rassuré. Au poste Mauritanien, je suis également prioritaire , le vélo est un pass efficace. A peine sorti qu'une horde avide se jette sur moi pour échanger, vendre, acheter ...  Montrant quelques pauvres billets marocains, la fièvre tombe, je m'extrais en transe de ce lieu. Reprenant mes esprits je découvre un paysage superbe. Le fameux train de minerais coupe ma route, le vent se lève ... rapidement je peine. Conditions extrêmes, l'eau manque, halte sous tente Berbère où le thé m'est offert.

Vendredi 30 octobre
Jamais nuit ne fut si bonne. N'ayant que peu d'argent, je remercie mes hôtes pour le repas et reprend la route. Le vent latéral forcit. A Boulanouar, mon itinéraire plein Sud doit me rendre le vent favorable. Mauvaise pioche, non seulement il tourne avec moi mais son volume m'inquiète. Je provisionne 7 litres d'eau supplémentaires et défie la nature. Elle se déchaîne, 50° au compteur, la boisson chaude est infecte, la soif démente, les yeux au supplice. La tempête se déchaîne, le sable mord, ma vitesse s'effondre, jeté à droite, poussé à gauche, je me bat des heures durant avec pour seule énergie celle du désespoir. Enfin une station service dans cette apocalypse ... 12 heures pour 90 km ... Pas faim  mais à boire ... à boire ... 4 litres ... je m'écroule comme une pierre sous la tente.

Samedi 31 octobre
Durant la nuit le vent se calme mais peu avant le lever du jour,il reprend vigueur. Mes yeux martyrs ne sont que douleur, force est de constater que je ne suis plus en état d'affronter le parcours. C'est la mort dans l'âme que je rejoins Nouakchott en 4 roues. L'homme que je suis est bien petit face à dame nature qui m'a durement châtié. A la capitale, un autre combat m'attend. Désargenté, Master Card et chèques de voyage sont refusés. Hébergé à l'auberge Menata, lieu de rendez-vous de tous les voyageurs,  le cyclo-randonneur Gérard m'offre son aide et ses Euros. Dès lors même si la vie n'est pas encore belle, au moins elle reprend. Un médecin consulte ma vue, son inquiétude est grande ... je file à la pharmacie, les soins commencent.

Dimanche 01 novembre
L'inactivité totale donne à cette journée une longueur exceptionnelle. Les soins sont méticuleux. Pour Gérard, le Cap est encore loin, lui soigne sa cuisse et moi mes yeux, l'auberge serait-elle un hôpital ? D'évidence, l'un comme l'autre ne sommes pas aptes à reprendre le service. Je mesure à quel point la punition a été sévère, la convalescence sera longue. Je m' autorise une première promenade dans les rues ensablées de Nouakchott. J'en retire une impression étrange d'abandon, le centre est formé de grands espaces sales sans aucun intérêt, une sorte de cœur fictif. Je rejoins ma tente posée sur le toit de Menata.

Dépression de Dakhla (Sahara Occidental)
Dépression de Dakhla (Sahara Occidental)

article 13 posté de rosso (mauritanie)

Lundi 02 novembre
Ma convalescence ophtalmologique est un boulet. Une nouvelle tentative de promenade dans le centre de la capitale confirme le triste spectacle. Le marché est vivant mais pauvre à l'excès et peu sécurisant, ce qui interdit la photographie, mal vécue. Gérard envisage un trip dans l'Adrar, ce projet me séduit. Il nous occupe le reste de la journée.

 

Mardi 03 novembre
Après les soins, le trek est bouclé. Départ en fin d'après-midi par le bus. 2 jours dans l'Adrar et retour durant la nuit. Faut dire que dans ce pays les distances sont énormes. Je passe ma journée avec Stéphane, jeune alsacien qui remonte chez lui à vélo après 18 mois d'Afrique. Son VTT acheté au Cameroun est pourri. Son expérience est intéressante, son trajet également. Pour lui, ici c'est l'Europe. Bigre ! Nous nous reverrons au retour, le départ à sonné. Le taxi, puis le bus bondé ... 450 km pour 10 Euros. Les arrêts se succèdent tantôt pour les contrôle police, gendarmerie et douane, tantôt pour la prière. Nous débarquons à 23h à Atar, repas puis en route pour le bivouac à 2h du matin dans la montagne. Les étoiles nous protègent, le sable nous accueille, les moustiques nous rejoignent ... mon dieu faites qu'il n'y aie pas d'autres amis.

Mercredi 04 et jeudi 05 novembre
Changement de programme, la piste prévue ayant été emportée par les crues. 2 jours d'éblouissements, de rencontres étonnantes, de couleurs propres au désert, de sculptures montagneuses féeriques, de dromadaires gourmands, de sable vierge. Pistes défoncées, oueds pas encore secs, les habitants du désert nous offrent le lait de Camel en signe de bienvenue.  Après le campement dans les dunes, l'oasis de Tichrit est un conte irréel, le village d'Aghrigit complète ce rêve. Les nomades, leurs troupeaux et leur artisanat surgissent du passé. La nuit tombe, planté dans les dunes, un second bivouac s'impose sur les bords d'un Oued encore vivant aux moustiques mauvais. Au matin, Chinguetti et ses manuscrits. Les sables engloutissent la cité avec un appétit féroce. Le retour peut alors s'envisager, toutes ces images ont guéri mes yeux et empli ma tête. De longues heures de bus nous attendent. Un taxi pourri nous dépose à Menata. Ce voyage dans le voyage est terminé. Mon incrédulité est à la dimension des révélations.

Vendredi 06 novembre
Réveil très tardif, l'auberge n'a plus d'attrait pour moi, mais une nouvelle fois désargenté, Gérard est à nouveau mis à contribution. Départ demain, mes yeux sont choyés, mes paquetages préparés, Stéphane retrouvé. Un jeune allemand à vélo remontant de Côte d'Ivoire me confirme la validité de la MasterCard au Sénégal. Lentement je sens la motivation me gagner.

 

Samedi 07 novembre
"Plein Sud" reprend. Dans les rues ensablées de Nouakchott, je pousse un vélo bien lourd, rouler étant impossible. Sous une chaleur épouvantable, trop d'eau me ballonne. Peu à peu le désert perd sa vigueur, le vert s'enracine, les meutes d'enfants sangsues réapparaissent, l'autorité est à nouveau nécessaire. Malgré un paysage peu renouvelé, l'ennui ne se fait pas sentir. Après 120 km jalonnés de hameaux, une animation du diable encombre la chaussée. J'interroge un homme bleu, je suis à Tiguent, terme de l'étape. Le spectacle vaut son pesant d'étonnement. Camping dans la cour de l' hôtel Atlantique où le cérémonial du thé peut alors commencer. Dans mon esprit s' enfouissent les contours d'un pays qui s' éteint. Seul visage pâle en ces lieux, j'avale goulûment une pâtée peu engageante dans la pénombre propice d'un restaurant "gourbi".

Dimanche 08 novembre
Réveillé sans douceur par un soleil imparable, Tiguent dort encore. Dunes et sable, ce sont 100 km de bosses sans compter celles des nombreux dromadaires qui m'attendent. Une nouvelle crevaison ralentit mon allure mais décuple ma rage. Dans des hameaux tous identiques, des enfants me coursent et me crient " Mossieu, ça va " ou "Cadeau" et souvent "Donne". Cette insistance me lasse. Voici Rosso, zone de non droit et capitale du moustique.  Quel chantier ! Hébergé à la mission catholique, j'évite le pire mais cependant quelle foire d'empoigne avec les racketteurs tant civils que de la police ou de la gendarmerie. Quelle corruption, ça promet pour demain.

article 14 posté de la porte du garage

Lundi 09 novembre
J' attaque mon 4° mois tous crocs dehors. Une énorme porte interdit l'accès au fleuve Sénégal, ultime frontière. Confronté à une escroquerie généralisée, j'applique ma stratégie apprise hier. Pour éviter le racket, je mens avec un aplomb surprenant, quel acteur ! Je parviens au bac en ayant lâché 2 malheureux Euros. Seul européen les escrocs me collent au corps. Séparé de mon passeport un instant, bakchich pour le récupérer. Je m'extrais de ce guêpier à midi, épuisé, vidé de toute énergie. Plus de 100 km restent à parcourir, de l'argent à trouver, sachant que la nuit est noire à 19 heures. Toute ma rage et ma volonté se concentre sur les pédales, je roule. Contrat rempli, jambes molles, St Louis, ancienne capitale au cœur des marais  est imparablement  époustouflante. Grouillante, vivante, je perds ici toutes mes références, tous mes repères, je me laisse conduire par le hasard. L'auberge des "Grands hommes"  est un excellent compromis super bien négocié. En zone palu, je clos avec application mon palace et ma journée.

Mardi 10 novembre
La moustiquaire bien que percée a été efficace, la malaria n'étant pas un mythe. Sur des rues engorgées de sable, la remise en selle est laborieuse. Je pousse et porte Yaka, exercice malaisé et peu valorisant. Aux portes de St-Louis, un policier me menace d'une amende pour non port du casque ! J' hallucine et débite un mensonge honteux mais efficace. J'ai perdu du temps, point d'argent. Cette anecdote au relent Mauritanien signe l'entrée en Afrique Noire où la jeunesse montre ses dents mais pour sourire, le contact peut alors s'établir. Faux plats et vent contraire donnent à la brièveté de l'étape, de la tonicité. Le paysage manque de variété, la misère gagne en intensité. Louga est une ville d'importance formée de quartiers aussi tristes et pauvres les uns que les autres, fascinant par l'atmosphère lourde qui s'en dégage. Une crevaison retarde mes ablutions, je m'installe chez l'habitant, une expérience mémorable, avant de me répandre dans les rues. Je renonce aux photographies peu prisées des frères musulmans. Les chants de la mosquée perdent en guttural ce qu'ils gagnent en puissance … vivement les cloches ! J'avale dans le noir complet, une pâtée infecte et indéfinissable sur la terrasse d'un "restau" ouverte aux rats et souris affamés.

Mercredi 11 novembre
Une grosse suée pour mener yaka au bitume. Autour de ma modeste personne, explosent des baobabs géants. Le premier est une surprise, le second ... une révélation et peu à peu les autres se fondent dans la normalité. Sous une chaleur intenable que je suis seul à défier, je note tout un peuple assis ou allongé dans l'ombre d'une végétation qui s'étoffe. Les hameaux, conservent une belle harmonie au long des km. De hauts murs en roseau ou un brique protègent les cases du plus pur style africain. L'entrée de ces espaces n'est donc pas possible sans tresser des liens préalables avec la population qui elle s'étale sur les bords de la chaussée. Sur cet axe qui supporte tout le trafic de l'ouest africain,  l'arrêt est également synonyme de mendicité, ce qui je l'avoue n'est pas ma tasse de thé. Après 130 km de brousse profonde, la vie débridée de Thies n'est pas pour me déplaire. La confusion, le brouhaha, la promiscuité, la multitude, l'allégresse forment un concert assourdissant pour fêter dignement mon anniversaire. Ce sera une bamboula d' enfer au poulet frites arrosé de bière Sénégalaise … L'exotisme remplace la festivité mais ce 11 novembrer restera gravé à jamais par son incongruité climatique et géographique.

Jeudi 12 novembre
En panne d'électricité, le groupe électrogène est très très bruyant mais inefficace. Je boucle les valises dans le noir, enfile un T-shirt tout propre et m'éloigne dans la pénombre et des rues totalement silencieuses. A présent la route est bordée d'habitations, une sorte d'interminable banlieue triste et morne. Soudain l'ATLANTIQUE surgit ! Arrêt pour savourer cet instant merveilleux, pour m'imbiber de tous ces sentiments qui m'assaillent. Ce lieu symbolise une victoire inespérée, une volonté mise à l'épreuve, un rude labeur. Une grande douceur m'enveloppe, Yaka et Nath m'entourent, nous nous jetons alors dans le chaos des rues de DAKAR. Ce tour de la ville sera celui d'honneur qui prend fin Place de l'Indépendance. Devant le manque d'attrait de la capitale, les 3 jours prévus sont réduits à 2, puis face à l'indigence architecturale, limités à 1. J'achète un billet d'avion pour Paris, ratisse le centre ville, le port, les plages du Cap Vert et ses îles. Villas luxueuses dans le quartier français, statue monumentale face à l'océan et enfin le hall de l'aéroport à la nuit. La partie de catch va pouvoir s'engager.

 

Vendredi 13 novembre
Casse-croûte tranquille, le calme avant la tempête. J'attaque la préparation du vélo. La clé achetée sur le souk ce matin ne permet pas de débloquer les pédales. Je pars à la recherche d'un mécano ... l'heure file. De retour à l'aéroport, j'achète du carton et du scotch … les minutes défilent. Démonter, emballer le vélo, vider, empaqueter les valises ... il est plus de minuit ! L'enregistrement refuse Yaka ... plus de liquide, mendier du carton, retrouver le scotch déjà revendu … en retard, je fonce à l'embarquement en portant le vélo … trempé mais cette fois ça passe ! Les moustiques m'accompagnent, virulents et joyeux, mon départ les ravit.

4h, escale à Casablanca. Je suis lessivé. Envol pour Orly, ne connaissant pas cet aéroport avec un vélo, inquiétude latente. Oh ! Superbe panorama sur le détroit de Gibraltar. A l'aéroport, je récupère les valises puis le vélo peu abîmé. Un bus nous accepte. Détendu, je suis conduit gare Mont-parnasse. Je débarrasse Yaka de ses oripeaux,le  remonte, vérifie transmission et sécurité. A vélo dans Paris … un bonheur juvénile, en culotte courte. Gare de l'Est, je rate le train pour 3 mn, ce sera une arrivée à 21h à Belfort. Je hisse Yaka dans son compartiment. A l'Est, il fait froid, l'équipe s'élance dans la nuit noire. Ce vendredi 13  ne m'aura pas été fatal. Derrière la porte du garage, une hutte glacée (déjà je regrette les chaleurs africaines) et un champagne au goût d'écurie… au propre comme au figuré.