Voici enfin le projet définitif., l'avant-projet étant trop gourmand en kilomètres donc en temps, un retour estimé au 29 Octobre n'étant pas envisageable. Le problème est que de nombreuses lignes maritimes ont été fermées pour cause de rentabilité. Toutes les confirmations me sont parvenues cette semaine, passage par le Danemark pour rejoindre l'Islande depuis le Royaume-Uni, un bien beau détour que je range au rayon des souvenirs. A présent ... sus à l'Odyssée Britannique !

La date fixée n'est cependant pas figée. A bientôt sur ce blog.

Mardi 28 Mai

Bagages non complets, lever à 5h. A 9h apparaît le bout du tunnel des préparatifs et simultanément un premier ami à vélo, le soleil est au rendez-vous ... incroyable en ce mois de Mai pourri. Déjà il est 11h, le temps passe si vite en si bonne compagnie ... qu'il me faut la quitter. Accompagné jusqu'à Champagney, c'est alors seul que je dévore Luxeuil et St Loup. Je plante la tente sur la limite de la Franche-Comté. La pluie arrive ... à l'heure.
 

Mercredi 29 Mai

Au bord de ce frêle étang l'image est bucolique mais là-haut veillent de gros nuages gris et menaçants. Après une brève incursion dans les Vosges me voici en région Champagne Ardenne dont le profil est éreintant. Je découvre Bourbonne qui ressemble à un vaste hôpital dont l' ambiance ne me retient pas longtemps, cette station thermale étant par trop sinistre. Tout en rêvassant, mes yeux collent aux cieux, mes premiers étant bien meilleurs que les seconds.
 

Jeudi 30 Mai

Une pluie fine change mon mode de vie et complique le démontage de la tente. La Hte Marne rend les armes avec vaillance sur ses derniers contreforts vosgiens. La température glaciale engourdit les doigts, le passage en Meuse ne change rien, je reste trempé et gelé. Une journée bien difficile dont je retiens Reynel pour ses pierres et Bar-le-Duc pour son camping réfrigérant. A quand un peu de douceur ?
 

Vendredi 31 Mai

Journée très difficile du fait d'un vent contraire et d'une pluie sans répit. Meuse, Marne et Ardennes où je dépose mon baluchon, persistent dans l' insignifiance humide, Ste Ménéhoulde seule ville d'importance n' emportant pas mon adhésion. La combinaison pluie-vent ne satisfait pas au confort minimal mais le choix est restreint.
 

Samedi 01 Juin

Soleil sur fond bleu, froid vif, le vent du Nord me fait face. Les conditions atmosphériques s'améliorent mais cependant grignoter les kilomètres demande la même implication. Les Ardennes sont virulentes alors que je les pensais apaisées à cette longitude. Pas de modification notable dans l'Aisne, le vallonnement se poursuit, tout comme la fraîcheur. Argonne, Valmy, Vouziers, cela vous dit-il quelque chose ? A moi oui, je roule avec mes 2 vestes vélo sur le dos !
 

Dimanche 02 Juin

Un nid douillet pour une nuit réparatrice. Dans ces conditions, dur de se relancer dans froid et vent infatigables ... même le dimanche que ce soit à l'heure de la messe ou à celle des vêpres. Déjeuner à Vervins, le relief me mine tout autant que ces paysages agricoles sans intérêt. Voici Guise qui me prépare au Nord puis Roubaix qui me délivre une épaisse tranche de satisfaction ... une bien belle ville.
 

Lundi 03 Juin

A part quelques pavés et une voie interdite aux cycles, le trajet pour Douai n'est que routine, la surprise étant dans l'absence totale d'attrait de la ville malgré sa taille. Je sillonne ses rues à la recherche d'un lieu, d'un édifice, de quelque chose ... ce sera rien ! Dépité, je quitte la pauvresse mais voici que la bougresse me retient, En effet à vélo l'extraction de la banlieue n'est pas simple, j'y laisse énergie, temps et kilomètres inutiles. J'apprécie le côté mignon de Lens, ville que j'imaginais plus grande, puis Béthune et son fameux beffroi, Aire sur la Lys une bien agréable pause et enfin Arques que je croyais plus cristallin ! Le Pas de Calais malgré un temps de Toussaint m'a enthousiasmé par ses terrils, ses cités et son histoire défunte.
 

Mardi 04 Juin

De mon camping 3 étoiles je pars sans regret, son manque de vie me donne des frissons ou serait-ce la fraîcheur ? St Omer m'indiffère puis me conquiert sur les rives de son canal. Un long jeu de piste sans intérêt me mène à Calais ... mon dieu que de détours ! Le port et ses embarquements sont gigantesques, peut-être le fait d'y être à vélo ? Le ferry pour Dover avale des quantités monstrueuses de véhicules et à mon tour dans son ventre, j'y suis si petit ! Durant la traversée, je tente en vain de me réchauffer dans les salons. Impossible. A Dover, nouveau jeu de piste spécial vélo. L' acclimatation demande quelques minutes. Le distributeur de billets gave mes sacoches, la complexité routière m'apparaît à l'office du tourisme dont je suivrai les conseils. La solution itinéraire cycliste s'avère insupportable, coûteuse en énergie et en kilomètres. Je n'atteindrai pas Canterburry avant la nuit. Mon moral est touché, ma fatigue débordante, mes interrogations nombreuses. Dur le contact britannique.
 

Mercredi 05 juin

Nuit entrecoupée par une question récurrente, comment utiliser ce réseau routier peu enclin à la pratique du raid tel que je le joue ? La réalisation de mon projet me semble subitement impossible dans le contexte proposé. Au matin, je découvre Canterburry. Trouver une épicerie n'est pas de tout repos. Londres si proche me semble tout à coup très lointain. Le Kent est une province trop physique pour une âme en mal. Après avoir envisagé et testé les différentes solutions, il s'avère que les nationales de type N2 sont des autoroutes, que les axes de type A28 ou A260 sont trop dangereux et qu'il ne me reste que le maillage fin des petites routes pour mener à bien cette aventure. Après expertise et tentatives multiples, ne voyant pas comment mener à bien mon entreprise globale, je décide de la saborder et de revenir au village. C'est moralement très éprouvé que je regagne la France, 5 heures me seront nécessaires pour parcourir les 25 km qui me séparent de la mer, une confirmation de la complexité du réseau routier britannique et de notre incompatibilité réciproque.
 

Jeudi 6 Juin

Pas encore roulé un jour sans au moins une veste de vélo sur le dos si j'exclus le départ. Aujourd'hui l'exception, la chaleur grimpe comme une folle aux murs de ma résistance, Après le froid, la soif, le changement est brutal, l'acclimatation absente. Journée pauvre en émerveillement si ce n'est la jolie ville d'Arras qui sera mon étape et l'un de ses édifices catholiques ... mon hôtel.
 

Vendredi 7 Juin

Journée torride à travers de mornes champs de culture. Bapaume puis Péronne interrompent ma course sans véritablement donner sel à cette étape. Seule la ville de St Quentin donne un peu de faste aux nombreuses heures de selle. La rencontre et le long échange avec un écossais à vélo confirme mes sensations, le vélo au royaume uni se pratique sur des boucles ou des circuits répertoriés. Mon mode d 'expression n'est assurément pas adapté à ce pays.
 

Samedi 8 juin

La chaleur est à son comble, le paysage toujours aussi insipide. Je fais mes courses pour Dimanche. Arrêt à Laon dont les centres d'intérêt sont sur le plateau. Un passage par la gare m'apprend qu'un train partant dans 10mn me permettra un retour à Belfort à 22h. J'achète et clos tristement cette Odyssée Britannique après 12 jours et 1070 km.